Beaucoup de méta-analyses ont montré des réductions de taux d’infection et
de mortalité associés à l’utilisation de la décontamination digestive sélective
(DDS) ou de la décontamination oro-pharyngée sélective (DOS) dans les unités de
soins intensifs (USI). Ces interventions n’ont pas été généralisées, du fait
que leur utilisation pourrait conduire au développement d’une résistance aux
antimicrobiens des agents pathogènes. Notre but était d’étudier les effets de
la DDS et de la DOS sur les taux de résistance aux antimicrobiens chez les
patients hospitalisés en USI.
Nous avons passé en revue de manière systématique les effets de la DDS et
de la DOS sur les taux de colonisation et/ou d’infection dus à des agents
pathogènes résistants aux antimicrobiens, chez des patients gravement atteints.
Nous avons effectué des recherches de comptes rendus d’études à l’aide des
bases de données Medline, Embase et Cochrane ; publiés dans toutes les
langues et sans limites définies en termes de date de publication, de type de
protocole appliqué, ou encore d’évaluation de la qualité des études. Nous avons inclus toutes les études portant
sur la décontamination sélective impliquant une application prophylactique d’agents
antimicrobiens topiques recouverts d’une enveloppe non-absorbable au niveau de
l’estomac ou de l’oropharynx, chez des patients admis dans les USI, avec ou
sans administration d’agents antimicrobiens systémiques additionnels. Nous
avons exclus les études d’intervention utilisant des agents antiseptiques ou
biocides comme la chlorexidine, à moins que des agents antimicrobiens aient été
aussi inclus au régime. Nous avons fait usage du modèle de Mantel – Haenszel avec
effets aléatoires pour le calcul des taux de probabilité ajustés groupés.
Nous avons analysé 64 études originales de DDS et de DOS effectuées dans
des USI ; 47 d’entre elles étaient des études randomisées contrôlées et 35
incluaient des données de détection de résistance aux agents antimicrobiens.
Lorsque nous avons comparé les données pour les patients dans les groupes d’intervention
(ceux qui recevaient DDS ou DOS) versus les données des groupes de contrôle
(sans intervention), nous n’avons pas identifié de différence dans la
prévalence de colonisation ou infection par pathogènes Gram-positifs d’intérêt
résistant aux agents antimicrobiens ; Staphylococcus
aureus (rapport des chances – odds ratio – 1,46 ; Intervalle de
Confiance – IC – 95% 0,90-2,37) et entérocoques résistants à la vancomycine (0,63 ;
0,39-1,02) inclus. Parmi les bacilles Gram-négatifs, nous n’avons détecté aucune
différence en termes de résistance à l’aminoglycoside (0,73 ; 0,51-1,05) ou
à la fluoroquinolone (0,52 ; 0,16-1,68), mais nous avons détecté une
diminution chez les bacilles Gram-négatifs résistants à la polymixine (0,58 ;
0,46-0,72) et un bacille Gram-négatif résistant à la cephalosporine de
troisième génération (0,33 ; 0,20-0,52) chez les patients ayant subi une
décontamination sélective, en comparaison des patients n’en ayant pas reçu.
Nous n’avons détecté aucun lien entre l’utilisation de la DDS ou de la DOS
et le développement d’agents pathogènes résistant aux agents antimicrobiens
chez des patients dans les USI, suggérant que le risque de dommage perçu lié à
une décontamination sélective, ne peut être justifié en vertu des données
disponibles. Cependant, notre étude indique que l’effet de la décontamination
sur les taux de résistance aux agents antimicrobiens au niveau des USI est
largement sous-étudié. Ainsi, nous recommandons l’inclusion d’études randomisées
non - croisées contrôlées par groupe
pour de futures recherches dans l’étude des variations des taux de résistance
au niveau des USI. Dr Nick Daneman MD et al, in The Lancet Infectious
Diseases, Early Online Publication 25 January 2013, in press
Source: The Lancet Online /
Traduction et adaptation: NZ
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