L’angiogenèse est une cible valide dans le traitement du cancer épithélial
ovarien. Le trebananib inhibe la liaison des angiopoïétines 1 et 2 du récepteur
Tie2, et inhibe ainsi l’angiogenèse. Notre but était d’étudier si l’adjonction
de trebananib à la chimiothérapie par agent unique paclitaxel améliorait la survie sans progression de
la maladie chez des patientes atteintes de cancer épithélial ovarien.
Dans cette étude randomisée, en double – aveugle de phase 3 effectuée entre
le 10 novembre 2010 et le 19 novembre 2012, nous avons recruté des femmes
atteintes de cancer épithélial ovarien basées dans 32 pays. Les critères d’éligibilité
comprenaient notamment le fait d’avoir subi trois traitements ou moins, ainsi
qu’une période de temps sans traitement au platine pendant moins de 12 mois.
Nous avons recruté les patients à l’aide d’un système vocal interactif
informatisé, et les patients ont été affectés de manière aléatoire sous ratio
1:1 pour recevoir en aveugle paclitaxel (80 mg/m2) par voie
intraveineuse + [placebo ou
trebananib (15 mg/kg)], par la méthode de permutation par blocs (blocs de
quatre). Les patients ont été stratifiés sur la base de la période de temps au
cours de laquelle ils n’ont pas reçu de platine (≥0 et ≤6 mois
versus >6 et ≤ 12 mois), de présence ou
absence de pathologie mesurable, de la région d’origine (Amérique du Nord,
Europe de l’Ouest et Australie, ou reste du monde). Ni le sponsor, ni les
investigateurs, ni le personnel soignant sur site, ni les patients n’avaient
accès au tableau de randomisation. Le critère principal d’efficacité était la
survie sans progression de la maladie évaluée sur la population en intention de
traiter. (…).
919 patientes ont été recrutées, 461 ont été incluses dans le groupe
trebananib et 458 dans le groupe placebo. La survie sans progression de la
maladie était significativement plus importante dans le groupe trebananib que
dans le groupe placebo (7.2 mois [5.8-7.4] versus 5.4 mois [Intervalle de
Confiance -IC- 95% 4.3-5.5], respectivement, hazard ratio 0.66, IC 95%
0.57-0.77, p<0.0001). L’incidence
des évènements indésirables de grade 3 ou plus était similaire entre les
groupes de traitement (244 patients [54%] sur 452 du groupe placebo versus 258 patients [56%] sur 461 du
groupe trebananib). Le trebananib était associé à un nombre plus élevé d’évènements
indésirables liés à une interruption de traitement que le placebo (77 [17%] patients
versus 27 [6%] respectivement) de
même qu’une incidence plus élevée d’œdèmes (294 [64%] patients montraient des œdèmes
de tout grade dans le groupe trebanabib versus 127 [28%] patients dans le
groupe placebo). Les évènements indésirables de grade 3 ou plus comprenaient ascites
(34 [8%] dans le groupe placebo versus
52 [11%] dans le groupe trebananib), neutropénies (40 [9%] versus 26 [6%]), et douleurs abdominales (21 [5%] versus 22 [5%]). Nous avons noté des évènements
indésirables graves chez 125 (28%) patients dans le groupe placebo et 159 (34%)
patientes dans le groupe trebananib. Il y avait une différence de 2% ou moins d’évènements
indésirables spécifiquement liés au traitement anti-VEGF (hypertension,
protéinurie, complications liés à la cicatrisation des plaies, évènements
thromboemboliques, perforations gastro-intestinales), sauf saignements,
évènements plus communs dans le groupe placebo que dans le groupe trebananib
(75 [17%] versus 46 [10%]).
L’inhibition des angiopoïetines 1 et 2 avec trebananib a fourni une
prolongation de survie sans progression de la maladie, significative sur le
plan clinique. Cette option anti-angiogénique non-VEGF, appliquée chez des
femmes atteintes de cancer épithélial ovarien récurrent devrait être objet d’études
dans d’autres contextes, et en combinaison avec d’autres médicaments. Bien que
les cas d’œdèmes fussent augmentés, les évènements indésirables anti-VGEF
associés n’ont pas eu un rôle majeur. Prof Bradley J Monk MD et al, dans The
Lancet Oncology, publication en ligne en avant – première, 18 juin 2014
Financement : Amgen
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