L’ibrutinib, un inhibiteur covalent de la Bruton Tyrosine Kinase (BTK), est
un traitement efficace de la leucémie lymphoïde chronique (LLC) récidivante.
Nous avons étudié l’activité et l’innocuité du cocktail ibrutinib +
anticorps monoclonal rituximab chez des patients atteints de LLC à haut risque.
Dans cette étude de phase 2 en simple bras, nous avons recruté des patients
adultes atteints de LLC à haut risque au Centre de Traitement du Cancer MD
Anderson (Houston, Texas, USA). Tous les participants recrutés présentaient des
anomalies cytogénétiques à haut risque (délétion 17p, mutation TP53, ou délétion 11q) ou une survie
sans progression de la maladie (PFS) courte (PFS < 36 mois) après administration
d’une chimio-immunothérapie de première intention au préalable. Les patients
avec maladie symptomatique ont reçu 28 cycles d’administration quotidienne
d’ibrutinib 420 mg associé à rituximab (375 mg/m2, par voie
intraveineuse, chaque semaine au cours du cycle 1, puis une fois par cycle
jusqu’au cycle 6), suivi de l’administration du seul ibrutinib 420 mg jusqu’à
progression de la maladie ou jusqu’à apparition d’effets toxiques ou autres
complications empêchant la poursuite du traitement. Le critère principal d’évaluation
de cette étude en était la survie sans progression de la maladie (PFS) sur la
population en intention de traiter. (…).
Entre le 28 février 2012 et le 11 septembre 2012, nous avons recruté 40
patients atteints de LLC à haut risques caractérisés ; 20 d’entre eux
présentaient une délétion 17p (del[17p]) ou des mutations TP53 (16 avaient reçu un traitement au préalable, quatre n’avaient
pas reçu de traitement au préalable), 13 présentaient une délétion 11q
(del[11q]), et sept une PFS < 36 mois après chimio-immunothérapie de
première intention. Une PFS de 18 mois a été observée chez 78.0 % des patients
de la population prise dans son ensemble (Intervalle de Confiance [IC] 95% 60.6-88.5),
et chez 72.4% (45.6-87.6) des patients présentant del[17p] ou une mutation TP53. Les effets toxiques se sont montrés
faibles à modérés en termes de sévérité (grade 1-2). 10 (25%) patients ont
présenté des diarrhées (grade 1 chez neuf patients et grade 2 chez un patient),
14 (33%) patients ont présenté des saignements (huit grade 1 et cinq grade 2), 15
(38%) patients des nausées ou vomissements (dix grade 1 et cinq grade 2), et
sept (18%) patients de la fatigue (quatre grade 1 et trois grade 2). Cinq (13%)
patients ont présenté des infections de grade 3 (deux infections pulmonaires,
une infection du tractus respiratoire supérieur, une septicémie, et une
mucosite) ; aucune infection de grade 4 ou 5 n’a été décelée. Un patient a
présenté une neutropénie de grade 4.
L’innocuité et l’activité de cocktail ibrutinib + rituximab se sont
révélées encourageantes sur cette population de patients atteints de LLC à haut risque; cette combinaison mérite donc d’être l’objet de futures investigations. Dr Jan
A Burger MD et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant –
première, 21 août 2014
Financements: Pharmacyclics
Inc, Cancer Prevention and Research Institute of Texas, Leukemia and Lymphoma
Society, National Cancer Institute, MD Anderson Cancer Center.
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