La myopathie de Duchenne (DMD) est causée par une déficience en dystrophine
et une dégradation musculaire affectant principalement les garçons. La
technique de saut d’exon réalisée à l’aide d’oligonucléotides antisens permet
la synthèse d’une dystrophine partiellement fonctionnelle. Nous avons étudié l’efficacité
et l’innocuité de drisapersen, un oligonucléotide antisens 2’-O-méthyl-phosphorothiate,
administré sur une période de 48 semaines.
Dans cette étude d’exploration effectuée en double – aveugle, et contrôlée
par placebo, nous avons recruté des patients de sexe masculin (d’âge ≥ 5 ans ;
et temps de mise en station debout ≤ 7 sec), atteints de myopathie de Duchenne
et provenant de 13 centres spécialisés situés dans neuf pays, entre le 1er
septembre 2010 et le 12 septembre 2012. Nous avons
répartis les patients de manière aléatoire (2 :2 :1 :1 ;
par blocs de six ; sans stratification) pour recevoir le drisapersen 6
mg/kg ou le placebo, administré par voie sous – cutanée et en continu (une fois
par semaine) ou par intermittence (neuf doses sur 10 semaines). Le résultat
principal de mesure était le changement de distance parcourue en marchant sur
une période de six minutes (6MWD) à la semaine 25 chez les patients de la
population en intention de traiter, pour lesquels les données étaient
disponibles. L’évaluation de l’innocuité comprenait une surveillance rénale,
hépatique et hématologique et la consignation des évènements indésirables. (…).
Nous avons
recruté 53 patients : 18 ont reçu le drisapersen en continu, 17 ont reçu
le drisapersen par intermittence, et 18 le placebo (groupes « en continu »
et « par intermittence » combinés). À la semaine 25, la moyenne de la
6MWD avait augmenté de 31.5 m (Erreur Standard -ES- 9.8) à partir de la ligne
de base pour le groupe drisapersen en continu, avec une différence moyenne de
changement à partir de la ligne de base de 35.09 m (Intervalle de Confiance
[IC] 95% de 7.59 à 62.60 ; p=0.014)
versus placebo. Nous n’avons enregistré aucun changement de 6MWD à partir de la
ligne de base entre le groupe drisapersen par intermittence (changement moyen
-0.1 [ES 10.3] et le placebo (différence moyenne 3.51 m [de -24.34 à 31.35]) à
la semaine 25. Les évènements indésirables les plus fréquemment rencontrés chez
les patients recevant le drisapersen étaient réaction non spécifiée au site d’injection
(concernait 14 patients sous drisapersen en continu, 15 patients sous
drisapersen par intermittence, et six patients sous placebo) et évènements
rénaux (concernaient 13 patients sous drisapersen en continu, 12 patients sous
drisapersen par intermittence, et sept sous placebo), la plupart des évènements relevés étant des protéinuries de phase subclinique. Aucun des évènements
indésirables graves rapportés (un pour le groupe en continu, deux pour le
groupe par intermittence, et deux pour le placebo) n’a eu pour conséquence une
sortie d’étude.
Le drisapersen
administré en continu a permis d’obtenir un bénéfice en 6MWD versus placebo à la semaine 25. Les
résultats d’innocuité se sont révélés similaires à ceux obtenus lors de
précédentes études. L’amélioration de l’ambulation observée sur cette
population jeune atteinte de myopathie de Duchenne sont encourageants, mais nécessitent
confirmation à l’occasion d’études de plus grande ampleur. Prof Thomas Voit,
dans The Lancet Neurology, publication en ligne en avant – première, 8
septembre 2014.
Financement : Glaxosmithkline, Proensa Therapeutics BV (filiale de Proensa
Holding NV)
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