Cancer de la vessie. Source iconographique et légendaire: http://www.uroinfo.ca/brochures_bladder_fr/BCGforBladderCancer_fr.html |
Les patients atteints de carcinome urothélial de la vessie invasif sur le
plan musculaire montrent de faibles taux de survie après cystectomie. L’essai
EORTC 30994 avait pour but de comparer chimiothérapie combinée à base de
cisplatine immédiate versus différée après cystectomie radicale chez des patients
atteints de carcinome urothélial de la vessie pT3-pT4 ou N+ M0.
Pour cet essai intergroupe de phase 3, ouvert et randomisé, des patients
ont été recrutés dans des hôpitaux situés au Canada et en Europe. Les patients
éligibles présentaient un carcinome de la vessie confirmé sur le plan
histologique, une pathologie de stade pT3-pT4 ou une pathologie à ganglion
positif (pN1—3) M0 après cystectomie radicale ou lymphadénectomie, sans
présence de cellules carcinomateuses résiduelles détectables. Dans les 90 jours
suivant la cystectomie, les patients ont été répartis de manière aléatoire (1:1)
par minimisation à une chimiothérapie adjuvante immédiate (quatre cycles de
gemcitabine + cisplatine, méthotrexate, vinblastine, doxorubicine, ou
cisplatine [MVAC à haute dose], ou MVAC)
ou six cycles de chimiothérapie différée à la
récidive. Les patients ont été stratifiés par rapport à leur lieu d’hospitalisation
d’origine, de la catégorie de pT, et du statut des ganglions lympatiques selon
le nombre de ganglions prélevés. L’essai était
ouvert ; à la fois les investigateurs et les patients avaient accès au
tableau de randomisation. Le critère principal mesuré était la survie globale ;
toutes les analyses ont été effectuées par intention de traiter. L’essai a été
clos après le recrutement de 284 patients sur les 660 initialement planifiés. (…).
Du 29 avril 2002
au 14 août 2008, 284 patients ont été répartis de manière aléatoire (141 pour
traitement immédiat et 143 pour traitement différé), et ont été suivis jusqu’à
mutualisation finale des données le 21 août 2013. Après un suivi d’une durée
médiane de 7.0 ans, (Intervalle Interquartile [IQR] 5.2-8.7), 66 (47%) des 141
patients du groupe Traitement Immédiat étaient décédés en comparaison des 82
(57%) des 143 patients du groupe Traitement Différé. Aucune amélioration significative en termes
de survie globale n’était notée chez les patients soumis au Traitement
Immédiat, en comparaison des patients soumis au Traitement Différé (HR ajusté
0.78, Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.4-0.73, p<0.0001), avec survie sans
progression de la maladie à 5 ans de 47.6% (IC 95% 38.8-55.9) dans le groupe
Traitement immédiat et de 31.8% (24.2-39.6) dans le groupe Traitement Différé.
Des myélosuppressions ont été rapportées chez 33 (26%) des 128 patients du
groupe chimiothérapie immédiate versus 24 (35%) des 68 patients du groupe
chimiothérapie différée, des neutropénies sont survenues chez 49 (38%) versus
36 (53%) patients, respectivement, et des thrombocytopénies chez 36 (28%)
versus 26 (38%). Deux patients sont décédés du fait de la toxicité, un dans
chaque groupe.
Nos données n’ont
pas montré d’amélioration significative de la survie globale chez les patients
recevant une chimiothérapie immédiate versus chimiothérapie différée, après
cystectomie radicale et lymphadectomie bilatérale chez les patients atteints de
carcinome urothélial invasif sur le plan musculaire. Cependant, l’essai était
limité sur le plan de la puissance, et il est possible que certains
sous-groupes de patients pourraient encore tirer un bénéfice d’une
chimiothérapie immédiate. Une méta-analyse effectuée sur les données
individuelles des patients mises à jour, ainsi qu’une recherche de biomarqueur
seraient nécessaires, afin de déterminer plus précisément le potentiel de
survie des sous-groupes de patients. Dr Cora N Sternberg MD et al, dans The
Lancet Oncology, publication en ligne en avant – première, 11 décembre 2014
Financement : Lilly,
Canadian Cancer Society Research
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