La warfarine est l’anticoagulant administré par voie orale le plus largement
répandu dans le monde, mais les complications hémorragiques graves sont
fréquentes. Nous avons tenté de répondre à la question de savoir si les
variantes génétiques peuvent permettre d’identifier les patients à risque
augmenté d’hémorragies avec la warfarine et, par conséquent, ceux qui tireraient
profit - en termes d’innocuité - de la prise d’un anticoagulant par voie orale
direct plutôt que la warfarine.
ENGAGE AF-TIMI 48 était un essai randomisé, en double aveugle, dans lequel
des patients atteints de fibrillation auriculaire étaient sous warfarine, avec
pour cible l’atteinte le taux cible normalisé de 2.0-3.0, ou sous edoxaban à dose
élevée (60 mg) ou à faible dose (30 mg) une fois par jour. Un sous-groupe de
patients était inclus dans une analyse génétique préspécifiée et génotypée pour
des variantes génétiques de CYP2C9 et
VKORC1. Les résultats obtenus ont été
utilisés pour créer trois catégories de génotype fonctionnel (répondeur normal,
répondeur sensible, et répondeur hautement sensible à la warfarine). (…).
14 348 patients ont été inclus dans l’analyse génétique. Sur 4 833
patients sous warfarine, 2 982 (61.7%) étaient classés comme répondeurs
normaux, 1 711 (35.4%) comme répondeurs sensibles, et 140 (2.9%) comme
répondeurs hautement sensibles. En comparaison des répondeurs normaux, les
répondeurs sensibles et hautement sensibles ont passé une période de temps plus
importante en état de surdosage d’anticoagulant au cours des 90 premiers jours
de traitement (médiane : 2.2%, Intervalle Interquartile [IQR] 0-20.2 ;
8.4%, 0-25.8 ; et 18.3%, 0-32.6 ; Ptendance <0.0001) et montraient des risques
augmentés d’hémorragie avec la warfarine (hazard ratio des répondeurs sensibles 1.31, Intervalle de
Confiance [IC] 95% 1.05-1.64, p=0.0179 ;
répondeurs hautement sensibles 2.66, 1.69-4.19, p<0.0001). Le génotype a
apporté des précisions supplémentaires, au-delà du score en termes de risques cliniques.
Au cours des premiers 90 jours, en comparaison d’un traitement à la warfarine,
le traitement avec edoxaban a réduit le risque hémorragique de manière plus
importante chez les répondeurs sensibles et hautement sensibles que chez les
répondeurs normaux (Pinteraction
edoxaban à dose élevée=0.0066 ; Pinteraction
edoxaban à faible dose=0.0036). Après 90 jours, la réduction du risque
hémorragique avec edoxaban versus
risque hémorragique avec warfarine était d’un bénéfice similaire parmi les
différents génotypes.
Les génotypes CYP2C9 et VKORC1 permettent d’identifier les patients qui
sont le plus susceptibles de présenter des hémorragies précoces avec la
warfarine et qui tirent un meilleur bénéfice en termes d’innocuité d’un
traitement avec edoxaban qu’avec warfarine. Dr Jessica L Mega, MD et al, dans
The Lancet, publication en ligne en avant – première, 10 mars 2015
Financement : Daiichi Sankyo
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