Le traitement couramment utilisé pour la maladie de Gaucher de type 1 est
la perfusion par voie intraveineuse, une semaine sur deux, d’une enzymothérapie de remplacement (ERT). Nous
avons étudié si les patients stabilisés avec un tel traitement le resteraient
après passage à un traitement eliglustat per os, un inhibiteur sélectif de la
glucosylceramide synthase.
Dans cette étude multinationale de non infériorité de phase 3, randomisée
en ouvert, nous avons recruté des adultes (sujets âgés de 18 ans et plus) qui
avaient reçu un traitement ERT sur une période de 3 ans ou plus pour une
maladie de Gaucher. Les patients ont été répartis de manière aléatoire (2:1)
dans 39 cliniques (stratifiés selon la dose ERT reçue ; par blocs de
quatre ; séquence de randomisation centralisée générée par ordinateur)
pour recevoir eliglustat per os ou imiglucerase par perfusion pendant 12 mois.
Les participants et les investigateurs avaient accès au tableau de
randomisation, mais l’étude indépendante du volume des organes (rate, foie)
était faite en aveugle. Le critère composite d’évaluation principal était le
pourcentage de patients dont les variables hématologiques et dont le volume des
organes demeuraient stables pendant 12 mois (c’est-à-dire diminution de l’hémoglobine
non supérieure à 15 g/L, baisse de la numération plaquettaire non supérieure à
25%, augmentation du volume de la rate non supérieure à 25%, et augmentation du
volume hépatique non supérieure à 20%, […] par rapport à la ligne de base). La
marge de non-infériorité était de 25% pour eliglustat par rapport à
imiglucerase, évaluée chez tous les patients ayant suivi les 12 mois de
traitement jusqu’à son terme. (…).
Entre le 15 septembre 2009 et le 9 novembre 2011, nous avons réparti de
manière aléatoire 106 (66%) patients dans le groupe recevant eliglustat et 54
(34%) dans le groupe recevant imiglucerase. 84 (85%) des 99 patients ayant terminé
leur traitement avec eliglustat et 44 (94%) des 47 patients ayant terminé leur
traitement avec imiglucerase ont satisfait au critère composite d’évaluation principal
(différence intergroupe -8.8% ; Intervalle de Confiance [IC] 95% -17.6 à
4.2). La limite inférieure de l’IC 95% de -17.6% se situait dans les limites
des seuils pour la non-infériorité. Des abandons sont survenus du fait de
palpitations (un patient sous eliglustat), infarctus du myocarde (un patient
sous eliglustat), et trouble psychotique (un patient sous imiglucerase). Aucun
décès n’est survenu. 97 (92%) patients sur 106 dans le groupe eliglustat ont
présenté des événements indésirables coïncidant avec le traitement, de même que
chez 42 (79%) patients sur 53 dans le groupe imiglucerase (sévérité faible à
modérée).
L’eliglustat administré per os a permis de maintenir la stabilité, en termes
hématologique et de volume d’organe, chez des patients atteints de la maladie de
Gaucher de type 1 déjà contrôlée par un traitement ERT par voie intraveineuse
et pourrait ainsi représenter une option thérapeutique utile. Prof Timothy M
Cox, FMedSci, dans The Lancet, publication en ligne en avant – première, 26
mars 2015
Financement: Genzyme, société du groupe Sanofi
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