Le lymphome diffus à grandes cellules B est une maladie curable, toutefois,
quand le traitement échoue, il n’y a que peu d’options possibles. Bien que l’imagerie
puisse aider à l’identification des patients à risque d’échec, elle est souvent
imprécise, et une exposition à des radiations reste une démarche à risque pour
la santé. Notre but était d’évaluer si l’ADN tumoral circulant codant pour une
séquence clonée de gène d’immunoglobuline pouvait être détecté dans le sérum de
patients atteints de lymphome diffus à grandes cellules B, et être utile pour
prédire la récidive clinique d’une maladie après traitement de première ligne.
Nous avons utilisé une technique de séquençage d’ADN d’avant-garde pour l’analyse
rétrospective de l’ADN tumoral circulant chez des patients assignés à l’un des
trois protocoles de traitements entre le 8 mai 1993 et le 6 juin 2013. Les
patients éligibles étaient atteints de lymphome diffus à grandes cellules B, ne
présentaient pas d’évidence de lymphome
indolent, et n’avaient pas reçu de traitement au préalable. Nous avons obtenu
une série d’échantillons de sérum et de données de tomodensitométrie à des
moments spécifiques au cours de la majorité des cycles de traitement, et ce
jusqu’à 5 années de suivi. Les segments VDJ des gènes réarrangés du récepteur
aux Immunoglobulines ont été amplifiés et séquencés à partir d’échantillon
prélevés avant traitement et l’ADN tumoral circulant codant pour les
réarrangements VDJ a été quantifié.
Différents types de clones tumoraux ont été identifiés dans des échantillons
prélevés avant traitement chez 126 patients qui ont été suivis pour une durée
médiane de 11 ans (Intervalle interquartile [IQR] 6.8 - 14.2). Le monitorage
intermédiaire de l’ADN tumoral circulant - à la fin des deux cycles de
traitement – indiquait une progression de 41.7% (Intervalle de Confiance [IC]
95% 22.2-60.1) chez des patients présentant un ADN circulant détectable et de
80.2% (69.6-87.3) chez ceux sans ADN tumoral détectable (p<0.0001). L’ADN tumoral circulant détectable intermédiaire présentait
une valeur prédictive de 62.5% (IC 95% 40.6-81.2) et une valeur prédictive
négative de 79.8% (69.6-87.8). Le monitorage de surveillance de l’ADN tumoral
circulant a été effectué chez 107 patients présentant une rémission complète. Le
modèles des risques proportionnels de Cox a montré que le hazard ratio relatif
à la progression clinique de la maladie était de 228 (IC 95% 51-1022) chez les
patients ayant développé au cours de la période de surveillance un ADN tumoral
circulant détectable, en comparaison des patients présentant un ADN tumoral
circulant non détectable (p<0.0001).
L’ADN tumoral circulant mesuré pendant la période de surveillance avait une
valeur prédictive positive de 88.2% (IC 95% 63.6-98.5) et une valeur prédictive
négative de 97.8% (92.2-99.7) ainsi qu’un risque identifié de récidive à une
médiane de 3.5 mois (de 0 à 200) avant l’évidence d’une maladie « clinique »
- à symptômes visibles -.
L’ADN tumoral circulant mesuré pendant la période de surveillance permet d’identifier
les patients à risque de récidive avant l’émergence d’évidences cliniques de
maladie chez la plupart des patients ; il en résulte une diminution du
fardeau de récidive de cette maladie. La mesure de l’ADN tumoral circulant au
moment intermédiaire de la période de suivi représente donc un biomarqueur
prometteur d’identification des patients à haut risque d’échec de traitement. Marc
Roschewski, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant –
première, 1er avril 2015
Financement : National Cancer Institute et Adaptative Biotechnologies
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