mHealth. Monitorage de signes vitaux sur smartphone. Source iconographique: http://www.healthitoutcomes.com/doc/mhealth-needs-evidence-evaluation-0001 |
Mauvaise alimentation et sédentarité sont les causes les plus importantes
de l’épidémie de maladies cardiovasculaires, toujours en croissance dans le
monde. Les interventions de santé par réseau de téléphonie mobile interposée
(mHealth) se sont avérées utiles, pour ce qui est de leur capacité à favoriser
la perte de poids et l’exercice physique ; elles représentent par ailleurs
une approche attrayante pour des systèmes de santé aux ressources limitées. Notre
étude visait à évaluer la capacité du système mHealth - assorti d’une série de
recommandations pour l’amélioration du mode de vie - à réduire la pression
artérielle, à favoriser la perte de poids, à améliorer l’alimentation et l’activité
physique chez des personnes atteintes de préhypertension, vivant en milieu
urbain à faibles ressources en Amérique Latine.
Dans cette étude à groupes parallèles, randomisée et contrôlée, nous avons
recruté des personnes (âgées entre 20 et 60 ans) présentant une pression
artérielle systolique entre 120 et 139 mm Hg, une pression artérielle
diastolique entre 80 et 89 mm Hg, ou les deux, dans des centres de santé, lieux
de travail, et centres communautaires situés en milieu urbain à faibles
ressources en Argentine, Guatemala, et Pérou. Les participants ont été répartis
de manière aléatoire pour recevoir des appels de consultation motivationnels ou
des messages textes personnalisés sur leur téléphone portable pendant 12 mois,
relatifs à la qualité des comportements alimentaires ou d’activité physique à
adopter, ou sur les soins courants. La randomisation a été stratifiée par pays,
par sexe et par groupe d’âge. Le personnel de l’étude chargé de la collecte et
de l’analyse des données n’avait pas accès au tableau de randomisation. Les critères principaux d’évaluation de l’étude
étaient la différence moyenne intergroupe du changement en pression artérielle
systolique et diastolique, à partir de la ligne de base à 12 mois. L’analyse
sur population en intention de traiter concernait tous les participants
ayant achevé les évaluations à 12 mois. Les critères secondaires d’évaluation
étaient les changements en poids corporel, tour de taille, et en comportements
cibles à partir de la ligne de base à 12 mois. (…).
Entre le 1er mars 2012, et le 30 novembre 2012, nous avons
réparti de manière aléatoire 637 participants pour être soumis à intervention
(n=316) ou soins courants (n=321). 266 (84%) participants du groupe d’intervention
et 287 (89%) du groupe de contrôle ont
été évalués à 12 mois. L’intervention n’a pas affecté le changement en pression
artérielle systolique (changement moyen net -0.37 mm Hg [Intervalle de
Confiance -IC- de -2.15 à 1.40] ; p=0.43) ou pression artérielle diastolique
(0.01 mm Hg [de -1.29 à 1.32]; p=0.99) en comparaison des résultats obtenus par
soins courants. Cependant, nous avons noté une réduction significative en poids
corporel (-0.66 kg [-1.24 à -0.07] ; p=0.04)
et prise d’aliments riches en graisses et en sucres (-0.75 [de -1.30 à -0.20] ;
p=0.008] dans le groupe d’intervention
en comparaison du groupe de contrôle.
Dans une analyse de sous-groupe prévue à l’avance, nous avons trouvé que
les participants du groupe d’intervention qui recevaient plus de 75% des appels
(neuf ou plus, jusqu’à 12) présentaient une réduction en poids corporel plus
importante (-4.85 [de -8.21 à -1.48]) et en tour de taille (-3.31 [de -5.95 à -0.67])
que les participants du groupe de contrôle. Par ailleurs, les participants du
groupe d’intervention ont montré une consommation accrue de fruits et de
légumes et une diminution de prise d’aliments riches en sodium, graisses, et
sucres simples, par rapport aux participants du groupe de contrôle. Cependant,
nous n’avons noté aucun changement en pression artérielle systolique, pression
artérielle diastolique ou activité physique dans le groupe de participants
recevant plus de 75% des appels, comparé au groupe qui recevaient moins de 50%
des appels.
Notre intervention mHealth n’a pas eu d’effet sur les changements en pression artérielle différant de ceux
obtenus par soins courants, mais elle était associée avec une petite réduction
en poids corporel et une amélioration des habitudes alimentaires. Nous avons
noté un effet dose-réponse, signalant ce faisant de potentielles opportunités d’obtention
d’effets plus importants générés par des interventions similaires dans d’autres
milieux à faibles ressources. Des recherches supplémentaires concernant mHealth
sont nécessaires, plus particulièrement parmi les personnes à faibles revenus
et affectées de manière disproportionnée par l’épidémie de maladies
cardiovasculaires, et nécessitant des interventions efficaces et abordables
pour combler l’écart en matière d’équité dans la gestion des facteurs de risque
cardiométaboliques. Professor Adolfo Rubinstein, PhD et al, dans The Lancet
Diabetes & Endocrinology, publication en ligne en avant-première, 30
novembre 2015
Financement : National Heart,
Lung, and Blood Institute (US National Institutes of Health) and the Medtronic
Foundation.
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