Au moins un tiers des patients
atteints d’épilepsie présentent une forme de pathologie résistante aux
traitements, associée à une forte morbidité et une mortalité augmentée. Les
traitements anti-épileptiques à base de cannabis ont suscitent beaucoup d’intérêt; toutefois, les données scientifiques les concernant sont rares. Notre but était d’établir si
d’adjonction de cannabidiol aux régimes médicamenteux se révèle sûre, tolérée, et
efficace chez les enfants et les jeunes adultes atteints d’épilepsie résistante
aux traitements.
Dans cet essai ouvert, des
patients (âgés de 1 à 30 ans) atteints d’épilepsie sévère et incurable apparue
au cours de l’enfance, placés sous médicaments antiépileptiques avant inclusion
dans l’étude, ont été recrutés dans le cadre d’un programme d’accès élargi entrepris
dans 11 centres d’étude de l’épilepsie situés aux Etats-Unis. Les patients ont
reçu du cannabidiol par voie orale à raison de 2-5 mg/kg par jour, ou à une
dose maximale de 25 mg / kg ou 50 mg / kg (en fonction du site). L’objectif
principal était d’établir l’innocuité et la tolérance du cannabidiol ; et
le paramètre principal d’efficacité mesuré était le pourcentage médian de
changement en fréquence moyenne de survenue de crises motrices à douze
semaines. L’analyse d’efficacité était évaluée sur population en intention de
traiter modifiée. Les comparaisons, exprimées en pourcentage de changement de
la fréquence de survenue de convulsions, ont été effectuées à l’aide du test U de Mann-Whitney.
Entre le 15 janvier 2014 et le
15 janvier 2015, 214 patients ont été recrutés ; 162 (76%) patients ont été suivis au moins 12 semaines à la suite de la prise d'une première dose de
cannabidiol, et été inclus dans l’analyse d’innocuité et de tolérance; et 137
(64%) patients ont été inclus dans l’analyse d’efficacité. Dans le groupe de
patients suivis pour ce qui est de l’innocuité du cannabidiol, 33 (20%)
patients présentaient un syndrome de Dravet et 31 (19%) patients présentaient
un syndrome de Lennox-Gastaut. Les patients ne présentant ni l’un ni l’autre
des syndromes mentionnés plus haut étaient atteints d’épilepsies incurables d’origines
et de types différents.
Des évènements indésirables ont
été rapportés chez 128 (79%) des 162 patients du groupe d’analyse de l’innocuité.
Les évènements indésirables rapportés chez plus de 10% des patients étaient
somnolence, (n=41 [25%]), baisse d’appétit (n=31 [19%]), diarrhée (n=31 [19%]),
fatigue (n=21 [13%]), et convulsion (n=18 [11%]). Cinq (3%) patients ont interrompu
leur traitement du fait de la survenue d’un évènement indésirable. Des
évènements indésirables graves ont été rapportés chez 48 (30%) patients,
inlcuant un décès - une mort inattendue, considérée comme indépendante du
médicament à l’étude -. 20 (12%) patients ont présenté des évènements
indésirables graves vraisemblablement reliés à la prise de cannabidiol, le plus
commun d’entre eux étant défini comme état de mal épileptique* (n=9 [6%]). La
fréquence médiane des crises motrices était de 30.0 (Intervalle Interquartile -IQR-
11.0 – 96.0) à la ligne de base et de 15.8 (5.6 -57.6) sur la période de
distribution du traitement (12 semaines). La médiane de réduction des crises
motrices mensuelles était de 36.5% (IAR 0-64.7).
Nos résultats suggèrent que le
cannabidiol pourrait réduire la fréquence des crises motrices et pourrait
présenter un profil d’innocuité adéquat chez les enfants et les jeunes adultes
atteints d’épilepsie hautement résistante aux traitements. Des essais
randomisés sont recommandés pour mieux caractériser le profil de sécurité et la
véritable efficacité de ce produit. Dr Prof Orrin Devinsky, MD, et al, dans The
Lancet Neurology, publication en ligne en avant-première, 23 décembre 2015
Financement : GW Pharmaceuticals, Epilepsy Therapy Project of the Epilepsy
Foundation, Finding A Cure for Epilepsy and Seizures.
* complication médicale la plus redoutée de l'épilepsie, elle engage le pronostic vital et fonctionnel (risques de séquelles neurologiques définitives).
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