Les travaux déjà publiés suggèrent que les patients ayant subi un
traumatisme et qui se soumettent à une tomodensitométrie du corps entier au
cours de leur examen initial, y trouvent un bénéfice sur le plan de la
survie ; cependant, les évidences de niveau 1 manquent, à ce propos. Notre
but était donc d’évaluer l’effet d’une tomodensitométrie du corps entier en
comparaison d’un examen classique sur la mortalité à l’hôpital chez des
patients présentant un traumatisme.
Nous entrepris un essai international randomisé contrôlé dans quatre
hôpitaux au Pays Bas et un en Suisse. Des patients âgés de 18 ans et plus,
présentant un traumatisme avec altération des paramètres vitaux, blessures
pouvant mettre la vie en danger, ou blessures graves, ont été répartis de manière
aléatoire (1:1) par randomisation ALEA
pour subir une tomodensitométrie immédiate ou pour subir un examen d’imagerie
classique + tomodensitométrie sélective. À la fois les médecins et les patients
avaient accès au tableau d’attribution des soins. Le résultat principal
d’évaluation était la mortalité à l’hôpital, analysée sur la population en
intention de traiter, dans les sous-groupes de patients polytraumatisés et les
patients présentant des lésions cérébrales. Le test de χ2 était appliqué pour l’évaluation des différences
intergroupes de taux de mortalité. (…).
Entre le 22 avril 2011 et le
1er janvier 2014, 5 475 patients ont été évalués pour
éligibilité, 1 403 d’entre eux ont été répartis aléatoirement : 702
pour subir un examen de tomodensitométrie immédiate du corps entier et 701 pour
subir un examen classique. La mortalité à l’hôpital n’a pas différé entre les
groupes (tomodensitométrie du corps entier : 86 patients [16%] sur 541 versus examen classique : 82
patients [25%] sur 331; p=0.92). De la même façon, la mortalité à l’hôpital n’a
différé dans les analyses de patients des sous-groupes polytraumatisés
(tomodensitométrie du corps entier 81 patients [22%] sur 362 versus examen classique : 82 [25%]
sur 331 ; p=0.46) et lésions cérébrales (68 patients [38%] sur 178 versus
66 [44%] sur 151 ; p=0.31)
Trois évènements
indésirables graves ont été dénombrés chez les patients du groupe
tomodensitométrie du corps entier (1%), un dans le groupe examen classique
(<1%), et un chez un patient qui avait été exclu à la randomisation. Les
cinq patients sont décédés.
Le diagnostic des patients à
l’aide d’une tomodensitométrie du corps entier ne réduit pas la mortalité à
l’hôpital en comparaison de l’examen radiologique standard. Du fait de
l’augmentation des doses de radiations administrées, la recherche future aura
intérêt à se focaliser sur une sélection de patients qui bénéficieront d’une
tomodensitométrie immédiate. Joanne C
Sierink, MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 28
juin 2016
Financement :
ZonMw, the Netherlands Organisation for Health Research and Development.
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