L’alectinib,
un inhibiteur puissant et hautement sélectif de la kinase du lymphome anaplasique
(ALK) agissant sur le SNC*, a montré une efficacité et une tolérance
prometteuses au terme de l’essai AF-001JP de phase 1/2 à simple bras, effectué chez des patients japonais atteints de cancer du poumon non à petites cellules ALK-positif. Du fait de ces résultats
prometteurs, nous avons effectué une étude de phase 3 afin de comparer
directement l’efficacité et l’innocuité de l’alectinib avec celle du crizotinib.
J-ALEX
était un essai randomisé, ouvert, de phase 3, pour lequel ont été recrutés des
patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules ALK-positif, naïfs de traitement aux
inhibiteurs de l’ALK, naïfs de toute chimiothérapie ou qui avaient reçu une chimiothérapie
au préalable, dans 41 sites d’études situés au Japon.
Les
patients étaient répartis de manière aléatoire (1:1) à l’aide d’un système de
réponse interactive par internet utilisant la méthode de blocs permutés et
stratifiée selon l’index de performance ECOG (Eastern Cooperative Oncology
Group), selon la ligne de traitement, et selon le stade de la maladie pour recevoir l’alectinib
300 mg per os deux fois par jour ou le crizotinib 250 mg deux fois par jour
jusqu’à progression de la maladie, toxicité inacceptable, ou retrait de l’étude.
Le critère principal était la survie sans progression évaluée par un centre d’examen
indépendant. L’analyse d’efficacité a été effectuée sur la population en
intention de traiter, et les analyses d’innocuité ont été effectuées chez tous
les patients qui avaient reçu au moins une dose du médicament à l’étude. L’étude
est toujours en cours, et le recrutement des patients est clos.
Entre le
18 novembre 2013, et le 4 août 2015, 207 patients ont été recrutés et assignés
au groupe alectinib (n=103) ou crizotinib (n=104). A la fermeture de la base de
données en vue de la deuxième analyse intermédiaire, 24 patients du groupe
alectinib avaient interrompu leur traitement en comparaison des 61 patients
ayant fait de même dans le groupe crizotinib, cela étant essentiellement dû à
un manque d’efficacité ou à des événements indésirables.
À la deuxième analyse
intermédiaire (date de fermeture de la base des données : 3 décembre
2015), un Comité indépendant de contrôle des données a statué que le critère
principal d’efficacité de l’étude avait été atteint (hazard ratio 0.34
[Intervalle de Confiance -IC- 99.7% 0.17-0.71], valeur de p du test logarithmique par rangs <0.0001) et
recommandé une publication immédiate des données.
La médiane de survie n’avait
pas été atteinte avec l’alectinib (IC 95% 20.3-non estimé) et était de 10.2
mois (8.2-12.0) avec le crizotinib.
Les événements indésirables de grade 3 ou
de grade 4 sont survenus à une fréquence plus importante sous crizotinib (54
[52%] sur 104) que sous alectinib (27 [26%] sur 103). Les interruptions de
traitement du fait d’événements indésirables étaient également plus fréquentes
sous crizotinib (77 [74%] sur 104) que sous alectinib (30 [29%] sur 103), et un
nombre plus important de patients recevant le crizotinib (21 [20%]) que l’alectinib
(neuf [9%]) ont interrompu la prise du médicament à l’étude du fait d’événements
indésirables graves. Aucun événement indésirable résultant en un décès n’est
survenu, quel que soit le groupe de traitement.
Ces
résultats fournissent la première comparaison directe entre alectinib et
crizotinib et ont ainsi le potentiel de faire changer la norme des soins en
vigueur pour le traitement en première ligne du cancer du poumon non à petites
cellules ALK-positif. La dose d’alectinib
(300 mg deux fois par jour) utilisée dans cette étude est plus basse que les
doses approuvées ailleurs qu’au Japon ; cependant, cette limitation est remise en question dans l’étude ALEX toujours en cours. Toyoaki Hida, MD, et al,
dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 10 mai 2017
*SNC: système nerveux central
Financement : Chugai Pharmaceutical Co, Ltd.
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