Le système du complément est susceptible de jouer
un rôle dans la myasthénie grave généralisée réfractaire, mais aucun traitement
approuvé ne cible spécifiquement ce système. Des résultats d’une étude de phase
2 ont suggéré que l’eculizumab, un inhibiteur de la voie terminale du système
du complément, a produit des améliorations significatives sur le plan clinique
chez des patients atteints de myasthénie grave généralisée réfractaire
anticorps anti-acétylcholine positive. Nous avons poursuivi plus avant l’évaluation
de l’efficacité et de l’innocuité de l’eculizumab sur cette population de
patients au cours d’un essai de phase 3.
Nous avons effectué une étude multicentrique de
phase 3, randomisée, en double-aveugle (REGAIN) dans 76 hôpitaux et cliniques
spécialisées dans 17 pays situés en Amérique du Nord, Amérique Latine, Europe,
et en Asie. Les patients éligibles étaient âgés d’au moins 18 ans, atteints d’une
myasthénie grave présentant un score de 6 ou plus en termes de MG-ADL*, (…), une
pathologie classée II-IV selon les critères de la Fondation Myasthenia Gravis
des États – Unis d’Amérique (MGFA), vaccinés contre Neisseria meningitides, et ayant reçu au moins deux thérapies
immunosuppressives, des immunoglobulines en chronique administrées par voie intraveineuse
ou subi un échange plasmatique pendant 12 mois sans contrôle des symptômes. Les
patients présentant un historique de thymome ou de néoplasies thymiques, de
thymectomie dans les 12 mois précédant le dépistage, ou ayant reçu des
immunoglobulines par voie intraveineuse ou subi un échange plasmatique dans les
4 semaines avant la randomisation, ou reçu du rituximab dans les 6 mois avant
le dépistage, étaient exclus de l’étude.
Nous avons réparti les participants (1:1) de
manière aléatoire pour recevoir l’eculizumab par voie intraveineuse ou le
placebo correspondant, également par voie intraveineuse pendant 26 semaines. L’eculizumab
était administré à raison de 900 mg au jour 1 et aux semaines 1, 2, 3 ; et
1 200 mg à la semaine 4 ; et 1 200 mg adminstré une fois toutes
les deux semaines par la suite, comme traitement de maintien. La randomisation
était effectuée de manière centralisée par système de réponse interactive, vocale
ou internet (…). À chaque fois que cela était possible, les patients étaient
maintenus sous traitement existant contre la myasthénie grave ; le traitement
de secours étant autorisé à l’appréciation du médecin. Ni les patients, ni les
investigateurs, ni le personnel, ni les accesseurs chargés de l’évaluation des
résultats n’avaient accès au tableau de randomisation. Le critère principal d’efficacité
était le changement du score MG-ADL total, de la ligne de base à la semaine 26, mesuré à l’aide de l’analyse de
covariance ANCOVA. La population d’évaluation de l’efficacité était définie
comme l’ensemble de tous les patients répartis de manière aléatoire aux groupes
de traitement qui avaient reçu au moins une dose de médicament à l’étude, qui
présentaient une évaluation valable de leur ligne de base, et au moins une
évaluation du score MG-ADL au-dessus de la ligne de base. Toutes les analyses d’efficacité
incluaient tous les patients répartis de manière aléatoire qui avaient reçu l’eculizumab
ou le placebo. (…).
Entre le 30 avril 2014 et le 19 février 2016, nous
avons randomisé et soumis à traitement 125 patients, 62 d’entre eux ont reçu l’eculizumab,
et 63 ont reçu le placebo. L’analyse principale n’a montré aucune différence
entre eculizumab et placebo (rang moyen par la méthodes des moindres carrés 56.6
[SEM 4.5] versus 68.3 [4.5] ; différence
entre les traitements évaluée sur la base du rang atteint -11.7, Intervalle de
Confiance [IC] 95% de -24.3 à 0.96 ; p=0.0698). Aucun décès ni cas d’infection
au méningocoque ne sont survenus au cours de l’étude. Les événements indésirables
les plus communément rencontrés entre les groupes étaient migraine et infection
du tractus respiratoire supérieur (dix cas [16%] survenus pour chacun des deux
événements survenus dans le groupe eculizumab et 12 cas [19%] survenus pour chacun des deux événements
survenus dans le groupe placebo). Les exacerbations de myasthénie grave ont été
rapportées chez six patients (10%) du groupe eculizumab et 15 patients (24%) dans le
groupe placebo. Six patients (10%) dans le groupe eculizumab et 12 patients
(19%) dans le groupe placebo ont nécessité que leur soit administrée une
thérapie de secours.
Le changement en score MG-ADL n’était pas
statistiquement significatif entre eculizumab et placebo, selon l’analyse effectuée selon
le rang le plus bas. L’utilisation de l’analyse selon le rang le plus bas s’est
révélée être un facteur d’approche limitant dans cette étude, du fait que l’analyse
secondaire de l’étude n’était pas cohérente avec le résultat d’analyse
principale ; de futures recherches relatives au rôle du système de
complément s’avèrent donc nécessaires. Prof James F Moward Jr, MD, et al, dans The
Lancet Neurology, publication en ligne en avant-première, 20 octobre 2017
Financement : Alexion Pharmaceuticals
*Qualité de Vie associée à la Myasthénie Grave