Centre de dépistage du cancer du sein. Source: https://pixnio.com/fr/science-fr/la-science-medicale/centre-soins-de-sante-consulter-x-rayons-du-sein-le-cancer-le-depistage |
L’utilisation de bisphosphonates peut réduire l’incidence
de métastases osseuses en cas de cancer du sein précoce. La récidive et la
survie semblent être améliorés seulement chez les patientes ménopausées, mais
les mécanismes sous-jacents en restent obscurs. Nous avons poursuivi des
investigations pour déterminer si l’amplification du gène MAF (un biomarqueur des métastases osseuses) dans les tumeurs
primaires pouvaient prédire les résultats d’un traitement à l’acide
zoledronique.
L’étude de population incluait des patientes [recrutées
dans l’essai international de phase 3 ouvert, randomisé, contrôlé AZURE,
réalisé dans des sites situés au Royaume - Uni] atteintes d’un cancer du sein
de stade II ou de stade III ; qui avaient donné leur consentement pour
utilisation d’échantillons extraits de leurs tumeur primaire. Les patientes ont
été réparties de manière aléatoire (1:1) pour recevoir le traitement adjuvant
standard seul (groupe contrôle) ou avec acide zoledronique toutes les 3-4
semaines à raison des six premières doses administrées, puis une dose tous les
3-6 mois pendant 5 ans. La minimisation prenait en compte le nombre de ganglions
lymphatiques axillaires impliqués, le statut des récepteurs aux œstrogènes, le
type et le calendrier de la thérapie systémique, le statut ménopausique, l’utilisation
ou non de statines, et le centre de traitement. Le critère principal d’évaluation
était la survie sans récidive ; le critère secondaire d’évaluation, à
savoir la survie sans pathologie invasive, représentait de fait le critère
principal d’évaluation d’analyse du présent compte-rendu. L’amplification du gène
MAF était évalué par hybridation in
situ en fluorescence sur deux prélèvements centraux du tissu tumoral avec
système de biopuce, effectuée par un laboratoire central où les techniciens n’avaient
pas accès au tableau de randomisation des patients. Nous avons utilisé un
système d’analyse multivariée pour évaluer l’issue de la maladie sur
population en intention de traiter. Nous avons évalué également les
interactions entre le statut MAF-positif
et le statut ménopausique sur l’efficacité de l’acide zoledronique. (…).
1 739 patients AZURE ont contribué à la
fourniture d’échantillons tumoraux, dont 865 (50%) en avaient deux évaluables
(445 dans le groupe contrôle et 420 dans le groupe acide zoledronique). 184
(21%) tumeurs se sont révélées MAF-positives
(85 dans le groupe contrôle et 99 dans le groupe acide zoledronique) ; les autres tumeurs étant MAF-négatives.
Après la période médiane de suivi de 84.6 mois (Intervalle Interquartile - IQR –
72.0-95.8), le statut MAF n’avait pas
de valeur pronostique pour ce qui est du caractère invasif dans le groupe de
contrôle (MAF-positif versus MAF-négatif : Hazard Ratio [HR]
0.92, IC 95% 0.59-1.41) ; toutefois, ce statut présentait une valeur
pronostique dans le groupe acide zoledronique (0.52, 0.36-0.75). Chez les
patientes atteintes de tumeurs MAF-négatives,
l’acide zoledronique était associé à une survie sans récidive de pathologie
invasive plus élevée que chez les patientes recevant le traitement contrôle
(HR 0.74, IC 95% 0.56-0.98), mais pas chez les patientes présentant des tumeurs
MAF-positives. De plus, parmi les 121
patientes non post-ménopausées à la randomisation présentant des tumeurs MAF-positives, l’acide zoledronique
était associé à une survie sans récidive de pathologie invasive (HR 2.47, IC
95% 1.23-4.97) et une survie globale (2.27, IC 95% 1.04-4.93) plus faibles que
chez les patientes recevant un traitement contrôle.
Le statut du gène MAF peut être prédictif de la probabilité d'un bénéfice à tirer de l’administration
d’acide zoledronique en adjuvant et mérite de futures investigations en sa
qualité de test diagnostic compagnon potentiel. Prof Robert Coleman, FRCP, et
al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 13
octobre 2017
Financement : Novartis Global et Inbiomotion