Ganglions hilaires et ganglions de la rate dans un cas de leucémie lymphoïde chronique Source iconographique et légendaire: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Spleen_and_Hilar_Nodes |
Le ciblage thérapeutique de la tyrosine kinase de
Bruton (BTK) avec l’ibrutinib a transformé le traitement de la leucémie
lymphoïde chronique. Cependant, les patients réfractaires au traitement ou
présentant une maladie récidivante après ibrutinib sont révélateurs de faibles
résultats obtenus avec ce traitement. Le venetoclax est un inhibiteur de BCL-2
sélectif oralement biodisponible, il a montré une activité chez des patients
atteints de leucémie lymphoïde chronique en rechute ou réfractaire,
préalablement traités. Dans cette étude, nous avons étudié l’activité et l’innocuité
du venetoclax chez des patients atteints de leucémie lymphoïde chronique qui
sont réfractaires ou récidivants à la suite d’une thérapie à base d’ibrutinib.
Dans cette analyse intermédiaire d’une étude multicentrique,
ouverte, non-randomisée de phase 2, nous avons recruté des patients âgés de 18
ans ou plus, avec un diagnostic documenté de leucémie lymphoïde chronique selon
les critères du Séminaire International sur la Leucémie Lymphoïde Chronique
(IWCLL) de 2008 et présentant un statut de rendement ECOG (Eastern Cooperative
Oncology Group) de 0-2. Tous les patients étaient dépistés pour la détection du
Syndrome de Richter et les cas confirmés par biopsie étaient exclus. Les
patients éligibles ont reçu le venetoclax per os, commençant à une dose de 20
mg/jour, et en augmentant progressivement la dose jusqu’à atteindre 400 mg/jour
en 5 semaines. Les patients présentant une maladie évoluant rapidement ont vu
le calendrier d’augmentation de dose accéléré (dose de 400 mg/jour atteinte en
3 semaines). Le critère principal d’évaluation de l’étude était la réponse globale,
définie comme la proportion de patients présentant une réponse globale selon l’évaluation
par l’investigateur, selon les critères IWCLL. Tous les patients qui avaient
reçu au moins une dose de venetoclax étaient inclus dans les analyses d’activité
et d’innocuité. Cette étude est toujours en cours ; les données relatives
à la présente analyse intermédiaire ont été recueillies par requête formulée
par les autorités chargées de la réglementation, à partir du 30 juin 2017. (…).
Entre Septembre 2014 et Novembre 2016, 127
patients atteints d’une leucémie lymphoïde chronique ayant préalablement reçu
un traitement, ont été recrutés dans 15 sites situés aux États-Unis d’Amérique.
94 patients avaient reçu de l’ibrutinib comme dernière thérapie par inhibiteur
BCR avant recrutement, dont 43 ont été recrutés dans la cohorte principale et
48 dans la cohorte d’expansion qui ont été recrutés plus tard, à la suite d’un amendement
au protocole.
Au moment de l’analyse, la période médiane de suivi était de 14
mois (Intervalle Interquartile -IQR- 8-18) pour tous les 91 patients; à savoir de de 19
mois (9-27) pour la cohorte principale et de 12 mois (8-15) pour la cohorte d’expansion.
59 (65%, Intervalle de Confiance -IC- 95% 53-74) patients sur 91 ont présenté
une réponse globale au traitement, incluant 30 (70%, 54-83) patients sur 43 de
la cohorte principale et 29 (60%, 43-72) patients sur 48 de la cohorte d’expansion.
Les événements indésirables de grade 3 ou de grade 4 les plus communément
rencontrés étaient neutropénie (46 [51%] patients sur 91), thrombocytopénie (26
[29%]), anémie (26 [29%]), nombre de globules blancs diminué (17 [19%]), et
nombre de lymphocytes diminué (14 [15%]). 17 (19%) patients sur 91 sont décédés,
sept d’entre eux du fait d’une progression de la maladie. Aucun décès du aux
traitements n’est survenu.
Les résultats de cette analyse intermédiaire
montrent que le vénétoclax montre une activité clinique durable et une tolérance
favorable chez les patients atteints de leucémie lymphoïde chronique en rechute
ou réfractaire, dont la maladie a progressé au cours du traitement par
ibrutinib ou après interruption du traitement par ibrutinib. La durée de la
réponse au vénétoclax sera évaluée par l’analyse finale qui aura lieu en 2019. Jeffrey
A Jones, MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première,
12 décembre 2017
Financement : AbbVie, Genentech