Abacavir et le tenofovir alafenamide sont moins
toxiques pour l’os en comparaison du tenofovir disoproxil fumarate. Notre but
était de comparer l’innocuité et l’efficacité de tenofovir alafenimide +
emtricitabine avec celles d’abacavir + lamivudine.
Dans cette étude de non-infériorité de phase 3 randomisée,
en double-aveugle, et contrôlée par un traitement actif, des adultes (âge ≥ 18
ans) VIH-1 positifs ont été sélectionnés dans 79 sites situés dans 11 pays d’Amérique
du Nord et d’Europe. Les participants éligibles étaient virologiquement supprimés
(ARN de VIH-1 < 50 copies par mL) et sous traitement trithérapique stable
contenant abacavir + lamivudine. Les participants ont été répartis de manière
aléatoire (1:1) à l’aide d’une séquence de randomisation générée par ordinateur
(blocs de 4) pour passer à un traitement par comprimés à dose fixe de tenofovir
alafenamide (10 mg ou 25 mg) + emtricitabine (200 mg) ou rester sous abacavir (600
mg) + lamivudine (300 mg), avec le placebo correspondant, tout en continuant la
prise du troisième médicament. La randomisation a été stratifiée en fonction du
troisième médicament (…) au moment de la sélection. Ni les investigateurs, ni
les participants, ni le personnel de l’étude administrant les traitements, évaluant
les résultats, et collectant les données, n’avaient accès au tableau de
randomisation. Le critère principal de l’étude était la proportion de
participants virologiquement supprimés (ARN de VIH-1 < 50 copies par mL) à la semaine 48 (évaluation
effectuée par algorithme de capture instantanée), avec une marge de
non-infériorité de 10%. L’analyse de finalité principale a été effectuée chez tous
les participants recrutés avant le 23 mai 2016 (à l’atteinte de la cible en
termes d’effectif), et l’analyse d’innocuité a été réalisée chez tous les
participants recrutés qui avaient reçu au moins une dose de médicament à l’étude
(y compris les patients recrutés après la date d’atteinte de la cible en termes
d’effectif). (…).
Le recrutement pour cette étude a commencé le 29
juin 2015, avec le 23 mai 2016 comme date butoir de recrutement pour l’évaluation
du critère principal de l’étude de la semaine 48. 501 participants ont été répartis
de manière aléatoire et reçu un traitement. A la semaine 48, la suppression
virale était maintenue chez 227 (90%) participants sur les 253 recevant
tenofovir alafenamide + emtricitabine en comparaison des 230 (93%) participants sur les 248 recevant abacavir + lamivudine
(différence -3.0%, Intervalle de Confiance [IC] de -8.2 à 2.0), montrant ainsi
une non-infériorité. Peu de participants sont sortis d’étude du fait d’événements
indésirables : 12 (4%) participants sur 280 du groupe tenofovir alafenamide
+ emtricitabine et neuf (3%) participants sur 276 du groupe abacavir +
lamivudine. Trois patients ont présenté des événements indésirables graves
imputables aux traitements : un patient a présenté une colique rénale et
un patient a présenté une neutropénie dans le groupe tenofovir alafenamide +
emtricitabine, et un patient a présenté un infarctus du myocarde dans le groupe
abacavir + lamivudine. Il n’y a pas eu de décès imputables aux traitements.
Le tenofovir alafenamide, en combinaison avec emtricitabine
et d’autres produits comme troisième médicaments, a maintenu une efficacité élevée
avec un profil d’innocuité au niveau du rein et de l’os similaire à celui obtenu
sous abacavir. Chez les patients virologiquement supprimés, le régime de traitement
contenant tenofovir alafenamide pourrait être une alternative à ceux comprenant
abacavir, sans crainte de réapparition de toxicité rénale ou d’hyperlipidémie. Alan
Winston, MD, et al, dans The Lancet HIV, publication en ligne en
avant-première, 20 février 2018
Financement : Gilead Sciences Inc.