Carcinome hépatocellulaire fibrolamellaire. Source icongraphique/https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Fibrolamellar_hepatocellular_carcinoma_-_very_high_mag.jpg |
L’ablation par radiofréquences est le traitement
recommandé aux patients atteints d’un carcinome hépatocellulaire présentant
des lésions inférieures 3 cm et qui ne sont donc pas candidats à la
chirurgie. L’ablation par micro-ondes est une technique plus récente avec
certains avantages théoriques qui n’ont pas encore été confirmés cliniquement.
Notre but était de comparer l’efficacité de ces deux techniques pour le traitement
du carcinome hépatocellulaire présentant des lésions de 4 cm ou moins.
Nous avons effectué une étude randomisée et
contrôlée de phase 2 en simple – aveugle dans quatre centres universitaires
tertiaires situés en France et en Suisse. Des patients, atteints de pathologie
hépatique chronique et d’un carcinome hépatocellulaire présentant jusqu’à trois
lésions inférieures à 4 cm, non éligibles pour un traitement chirurgical, étaient
randomisés pour subir une ablation par micro-ondes (groupe expérimental) ou pour
ablation par radiofréquences (groupe contrôle). La randomisation était
centralisée et effectuée par la méthode à taille de blocs fixée (blocs de 4) à l' aide d'enveloppes scellées et n’avaient pas accès au tableau de
randomisation ; en revanche, les investigateurs y avaient accès, du fait
que les dispositifs médicaux utilisés étaient différents. Le critère principal
était la proportion de lésions présentant une progression locale de la tumeur à
2 ans de suivi. La progression locale de la tumeur était définie par
l’apparition d’un nouveau nodule avec les caractéristiques typiques d’un
carcinome hépatocellulaire sur le bord de la zone d’ablation. Toutes les
analyses étaient effectuées sur la population per protocole. Cette étude est
terminée, mais les patients ont été suivis pendant 5 ans. (…).
Entre le 15 novembre 2011 et le 27 février 2015,
152 patients ont été répartis de manière aléatoire : 76 patients ont subi
une ablation par micro-ondes et 76 patients ont subi une ablation par
radiofréquences. Pour l’analyse per protocole, cinq patients ont été exclu du
groupe ablation par micro-ondes, de même que trois patients du groupe ablation
par radiofréquences. La période médiane de suivi était de 26 mois (Intervalle
Interquartile [IQR] 18-29) dans le groupe ablation par micro-ondes et de 25 mois
(18-34) dans le groupe ablation par radiofréquences. Deux ans plus tard, six
(6%) lésions sur les 98 dénombrées au départ ont présenté une progression
tumorale locale dans le groupe ablation par micro-ondes, de même que 12 (12%) lésions
sur les 104 dénombrées au départ dans le groupe ablation par radiofréquences
(rapport de risques 1.62, Intervalle de Confiance [IC] 95% 0.66-3.94 ;
p=0.27). Les complications se sont révélées rares, avec deux complications de
grade 4 (deux hémorragies artérielles requérant une embolisation, toutes deux
dans le groupe ablation par micro-ondes) et trois complications de grade 3
(pneumothorax ; lésion de veine ombilicale ; nécrose segmentaire
intra-hépatique, survenant toutes dans le groupe ablation par radiofréquences).
Aucun décès imputable aux traitements n’a été dénombré.
Bien que nous n’ayons pas mis en évidence que le
traitement ablatif par micro-ondes était plus efficace que l’ablation par
radiofréquences, pour le traitement de lésions carcinomateuses
hépatocellulaires de 4 cm ou moins, nos résultats montrent que la proportion de
lésions avec progression tumorale locale au bout de deux années de suivi était
faible ; quelle que soit la méthode d’intervention percutanée testée. Naïk
Vietti Violi, MD, et al, dans The Lancet Gastroenterology and Hepatology,
publication en ligne en avant-première, 1er mars 2018
Financement : Microsulis (AngioDynamics).
Source : The
Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ