Prévalence de l'infection au VIH en 2011, tous sous-types confondus. Données de l'Organisation des Nations - Unies (ONU) Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:HIV_Epidem.png |
La doravirine est un nouvel inhibiteur non-nucléosidique
de la transcriptase inverse (NNRTI) avec un profil pharmacocinétique permettant
l’indication d’une prise quotidienne, et une activité puissante in vitro contre les variants génétiques de
la NNRTI les plus communément rencontrés. Nous avons comparé la doravirine avec
le darunavir réhaussé par le ritonavir, quand tous deux sont administrés avec
des inhibiteurs de la transcriptase inverse nucléosidique (NRTI) chez des
adultes atteints d’infection VIH-1 naïfs de tout traitement anti VIH-1.
Dans cet essai multicentrique de non-infériorité randomisé en double-aveugle, des adultes atteints
d’une infection à VIH-1 ont été examinés pour recrutement dans un essai dans
125 centres cliniques dans 15 pays. Les participants éligibles (âge ≥ 18 ans)
étaient naïfs de tout traitement antirétroviral et présentaient un ARN du VIH-1
d’au moins 1 000 copies au dépistage. Tous les participants qui avaient
précédemment été traités pour une infection viral autre que VIH-1, qui
prenaient des médicaments immunosuppresseurs, ou les sujets atteints d’hépatite
aigue, étaient exclus. Les participants étaient répartis de manière aléatoire
(1 : 1) par un système vocal et internet interactifs pour recevoir [doravirine
100 mg per os] ou [darunavir 800 mg
+ ritonavir 100 mg] une fois par jour, avec deux NRTIs au choix de
l’investigateur (tenofovir + emtricitabine ou avacavir + lamivudine) sur une
période allant jusqu’à 96 semaines. La randomisation a été stratifiée selon les
mesures d’ARN du VIH-1 à la sélection (≤ 100 000 versus > 100 000 copies par mL) et le traitement NRTI
choisi. Ni les participants à l’étude, ni le personnel de l’institution
sponsorisant l’étude, ni les investigateurs, ni le personnel du site d’étude
n’avaient accès au tableau de randomisation. Le critère principal d’efficacité
était la proportion de participants obtenant un titre d’ARN du VIH-1 inférieur
à 50 copies par mL) à 48 semaines de traitement (…), la non-infériorité étant établie
si l’Intervalle de Confiance [IC] 95% bilatéral relatif à la différence d’effet
bénéfique entre les traitements (doravirine [moins] daruvavir) était supérieure à -10 points de pourcentage.
Tous les participants qui avaient reçu au moins une dose du médicament à l’étude
étaient inclus dans les analyses principales d’efficacité et d’innocuité. Cet
essai est toujours en cours ; le recrutement en est toutefois clos. (…).
Entre le 1er
décembre 2014 et le 20 octobre 2015, 1 027 participants ont été examinés pour
admissibilité dans l’essai ; 769 participants ont été répartis de manière
aléatoire pour recevoir les traitements (385 ont reçu la doravirine et 384 le darunavir réhaussé par le
ritonavir). 56 participants appartenant au groupe doravirine et 71 participants
appartenant au groupe darunavir ont interrompu leur traitement, principalement
du fait d’une perte de suivi. 383 participants recevant la doravirine et 383
participants recevant le darunavir ont été inclus dans les analyses principales
d’efficacité. À la semaine 48, 321 (84%) participants du groupe doravirine et
306 (80%) participants du groupe darunavir ont obtenu des concentrations en ARN
de VIH-1 inférieures à 50 copies par mL (différence
3.9%, IC 95% de -1.6 à 9.4), indiquant
la non-infériorité du traitement doravirine.
Les événements
indésirables liés au médicament à l’étude étaient diarrhée (21 [5%]
participants sur 383 dans le groupe doravirine et 49 [13%] participants sur 383
dans le groupe darunavir), nausée (25 [7%] versus
29 [8%]), et céphalée (23 [6%] versus
10 [3%]). 18 participants (six [2%] participants sur 383 dans le groupe
doravirine versus 12 [3%]
participants sur 383 du groupe darunavir ont interrompu leur traitement du fait
d’événements indésirables, qui ont été considérés comme liés au traitement chez
quatre (1%) participants dans le groupe doravirine et 8 (2%) dans le groupe darunavir.
Des événements indésirables graves sont survenus chez 19 (5%) participants sur
383 dans le groupe doravirine et 23 (6%) participants dans le groupe
darunavir ; événements qui ont été considérés comme liés au médicament à
l’étude chez un (<1%) participant dans chaque groupe.
Chez les adultes atteints par le VIH-1, naïfs de
traitement, la doravirine combinée à deux NRTIs pourrait offrir une option de
traitement valable chez des adultes non précédemment traités contre une
infection au VIH-1. Prof Jean-Michel Molina, MD, et al, dans The Lancet HIV,
publication en ligne en avant – première, 25 mars 2018
Financement :
Merck
Source :
The Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ