Cancer du Poumon Non à Petites Cellules. Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Non-small_cell_lung_carcinoma_--_high_mag.jpg |
Les
inhibiteurs du point de contrôle immunitaire représentent la norme de soins pour
le traitement de patients atteints de cancer du poumon non à petites cellules
(CBNPC) avancé, sans aberrations génétiques de la tyrosine kinase EGFR ou de la kinase lymphome
anaplastique (ALK) (EGFR-/ALK-), toutefois, le bénéfice
clinique chez les patients présentant des mutations EGFR ou des réarrangements ALK (EGFR+/ALK+)
reste à démontrer. Nous avons évalué l’effet d’un traitement au durvalumab
(anti-PL-L1) chez trois cohortes de patients atteints de CBNPC définis par leur
statut EGFR/ALK et l’expression tumorale de PD-L1.
ATLANTIC est
un essai ouvert à simple bras de phase 2, réalisé dans 139 centres en Asie,
Europe et Amérique du Nord. Les patients éligibles avaient un CBNPC avancé avec
une progression de la maladie à la suite d'au moins deux schémas thérapeutiques
préalables, incluant une chimiothérapie à base de platine (et d’un inhibiteur des
tyrosines kinases si indiqué) ; ils étaient âgés de 18 ans ou plus ;
ils présentaient un statut de rendement ECOG de 0 ou 1 (selon les critères de l’OMS) ;
et ils avaient en outre des signes de maladie évaluables selon les critères RECIST
version 1.1.
Les critères d’exclusion
clé incluaient une nature mixte de la pathologie (histologie présentant à la
fois des caractéristiques de cancer du poumon à petites cellules et de CBNPC) ;
une exposition préalable à un anticorps anti-PD-1 ou anti-PD-L1 ; et tout événement
indésirable de grade 3 ou plus touchant au système immunitaire per se survenu
lors d’un traitement par agent immunothérapeutique. Les patients de la cohorte
1 étaient atteints de CBNPC EGFR+/ALK+ avec au moins 25%, ou moins de 25% des
cellules tumorales exprimant PD-L1. Les patients de la cohorte 2 et 3 étaient
atteints d’un CBNPC EGFR-/ALK- ; la cohorte 2 incluait des patients avec
au moins 90% des cellules tumorales exprimant PD-L1, la cohorte 3 incluait des
patients avec au moins 90% des cellules tumorales exprimant PD-L1. Les patients
ont reçu le durvalumab (10 mg/kg) toutes les 2 semaines, par perfusion
intraveineuse, sur une période de temps allant jusqu’à 12 mois. Le retraitement
était autorisé chez les patients chez qui un bénéfice était observé mais dont
la maladie progressait à nouveau après la période de 12 mois. Le critère principal était
la proportion de patients avec une expression augmentée de PD-L1 (définie comme
présente chez 25% ou plus des cellules tumorales des patients des cohortes 1 et
2, et 90% ou plus des cellules tumorales des patients de la cohorte 3) qui présentaient
une réponse objective, évalués par un comité central d’examen indépendant chez
les patients qui étaient déclarés évaluables selon les critères RECIST version
1.1. L’innocuité était évaluée chez tous les patients qui avaient reçu au moins
une dose de durvalumab et chez qui des données post-traitement étaient
disponibles. L’essai est toujours en cours ; le recrutement de patients en
est toutefois terminé. (…).
Entre le 25
février 2014 et le 28 décembre 2015, 444 patients ont été recrutés et ont reçu
le durvalumab : 111 dans la cohorte 1, 265 dans la cohorte 2, et 68 dans
la cohorte 3. Parmi les patients présentant au moins 25% des cellules tumorales
exprimant PD-L1 qui étaient évaluables pour mesure d’une réponse objective par le
comité central d’examen indépendant, une réponse objective était obtenue chez 9
(12.2%, Intervalle de Confiance [IC] 95% 5.7-21.8) patients sur 74 dans la
cohorte 1 et 24 (16.4%, 10.8-23.5) patients sur 146 dans la cohorte 2. Dans la
cohorte 3, 21 (30.9%, 20.2-43.3) patients sur 68 ont obtenu une réponse
objective.
Des événements
indésirables de grade 3 ou 4 liés au traitement sont survenus chez 40 (9%) patients
sur 444 dans l’ensemble : six (5%) patients sur 111 dans la cohorte 1, 22
(8%) patients sur 265 dans la cohorte 2, et 12 (18%) patients sur 68 dans la
cohorte 3. Les événements indésirables liés au traitement les plus communément
rencontrés étaient pneumonie (quatre patients [1%]), gamma-glutamyltransférase
élevée (quatre [1%]), diarrhée (trois [1%]), réaction liée à la perfusion
(trois [1%]), aspartate aminotransférase élevée (deux [<1%]), transaminases
élevées (deux [<1%]), vomissements (deux [<1%]), et fatigue (deux [<1%]).
Des événements indésirables graves liés au traitement sont survenus chez 27
(6%) patients sur 444 en tout : cinq (5%) patients sur 111 dans la cohorte
1, 14 (5%) dans la cohorte 2, et huit (12%) patients sur 68 dans la cohorte 3.
Les événements indésirables graves les plus communément rencontrés dans l’ensemble
étaient pneumonie (cinq patients [1%]), fatigue (trois [1%]), et réaction liée
à la perfusion (trois [1%]). (…).
Chez les
patients atteints de CBNPC avancé et ayant suivi des traitements lourds au
préalable, l’activité clinique et le profil d’innocuité du durvalumab était conforme
à celui présenté par d’autres agents anti-PD-1 anti-PDL1.
Des réponses ont été relevées dans toutes les cohortes ; la proportion de patients
atteints de CBNPC EGFR-/ALK- (cohorte 2 et 3) présentant une réponse au
traitement était supérieure à la proportion de patients atteints de CBNPC EGFR+/ALK+
(cohorte 1) présentant une réponse au traitement. L’activité clinique du
durvalumab chez les patients atteints de CBNPC EGFR+ avec 25% ou plus des
cellules tumorales exprimant PD-L1 s’est révélée encourageante, et une
investigation plus poussée sur le durvalumab chez les patients atteints de CBNPC
EGFR+/ALK+ est recommandée. Marina Chiara Garassino, MD, et al, dans The Lancet
Oncology, publication en ligne en avant-première, 12 mars 2018
Financement :
Astra Zeneca