Coupe frontale axiale du rein. On distingue l'artère rénale (Renal artery) sur laquelle est pratiquée la dénervation. Source: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Illu_kidney2.jpg |
Des études anciennes suggèrent que la dénervation
rénale par radiofréquences réduit la tension artérielle chez les patients atteints
d’hypertension modérée. Nous avons poursuivi des investigations, afin de définir
si une technologie alternative par dénervation rénale endovasculaire réduit la
tension artérielle en ambulatoire chez des patients atteints d’hypertension, sans
médicament antihypertenseur proprement dit.
RADIANCE-HTN SOLO était une étude multicentrique,
internationale, en simple aveugle, randomisée et contrôlée par intervention
simulée, effectuée dans 21 centres situés aux USA et 18 centres situés en
Europe. Les patients, atteints d’hypertension artérielle systolique et
diastolique, âgés de 18-75 ans, étaient éligibles si leur tension artérielle mesurée
en ambulatoire était supérieure ou égale à 135/85 mm Hg et inférieure à 170/105
mm Hg après 4 semaines d’interruption de leur traitement contre l’hypertension
(deux médicaments en prise simultanée au plus) et si l’anatomie de leur artère
rénale était adéquate.
Les patients étaient randomisés (1:1) pour bénéficier
d’une dénervation rénale à l’aide du système Paradise (ReCor Medical, Palo Alto,
CA, USA) ou d’une procédure simulée consistant uniquement en une angiographie. La
séquence de randomisation, générée par ordinateur, était stratifiée par centres
à l’aide de blocs de quatre ou six, randomisés. (…). Les patients et le
personnel chargé de l’évaluation des résultats n’avaient pas accès au tableau
de randomisation. Le critère principal d’efficacité était le changement de
tension artérielle systolique diurne, à deux mois, dans la population en
intention de traiter. Les patients devaient ne recevoir aucun médicament
antihypertenseur au cours des 2 mois de suivi, à moins d’un dépassement des
critères spécifiques de tension artérielle édictés au départ. Les événements
indésirables principaux incluaient les décès toutes causes confondues, les insuffisances
rénales, les événements thromboemboliques accompagnés d’atteintes aux organes
cibles, les complications au niveau de l’artère rénale ou autres complications
vasculaires majeures requérant intervention, ou l’admission à l’hôpital pour crise
hypertensive dans les 30 jours et nouvelle sténose de l’artère rénale dans les
6 mois. (…).
Entre le 28 mars 2016 et le 28 décembre 2017, 803
patients étaient examinés pour admissibilité dans l’essai, et 146 ont été
randomisées pour bénéficier d’une dénervation rénale (n=74) ou d’une procédure
simulée* (n=72). La diminution de la tension artérielle systolique diurne mesurée
en ambulatoire était plus importante chez les patients ayant bénéficié d’une
dénervation rénale (-8.5 mm Hg, Déviation Standard [DS]) que sous procédure
simulée* (-2.2 mm Hg, DS 10.0 ; différence ajustée par rapport à la ligne
de base : -6.3 mm Hg, Intervalle de Confiance [IC] 95% de -9.4 à -3.1, p=0.0001). Aucun événement indésirable
majeur n’a été rapporté, ni dans le groupe dénervation, ni dans le groupe
procédure simulée*.
En comparaison de la procédure simulée, la
dénervation endovasculaire rénale a fait diminuer la tension artérielle mesurée
en ambulatoire à deux mois chez les patients atteints d’hypertension artérielle
systolique et diastolique, en l’absence de médicaments. Prof Michel Azizi, MD, et al, dans The Lancet,
publication en ligne en avant-première, 23 mai 2018.
Financement : ReCor Medical
Source : The
Lancet Online / Traduction et adaptation : NZ
*procédure simulée = angiographie