Carcinome papillaire de la thyroïde Source iconographique et légendaire: https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Papillary_Carcinoma_of_the_Thyroid.jpg |
Dans l’essai ESTIMABL1, une étude randomisée de
phase 3 d’administration d’iode radioactif (131I) après résection
chirurgicale complète chez des patients atteints de cancer de la thyroïde à
faible risque, 92% des patients avaient bénéficié d’une ablation de la thyroïde
qualifiée de complète, définie par la mesure d’une concentration sérique en
thyroglobuline de 1 ng/mL ou moins après stimulation par la TSH humaine
recombinante (rhTSH) et des résultats normaux à un examen du cou par échographie.
L’équivalence entre l’iode radioactif à faible activité (1.1 GBq) et l’iode
radioactif (3.7 GBq) à haute activité, ainsi que l’équivalence entre l’utilisation
d’injections de rhTSH et la suppression de l’hormone thyroïdienne. Ici, nous
faisons état des résultats obtenus après 5 années de suivi.
Cet essai d’équivalence randomisé en ouvert,
multicentrique, a été réalisé dans 24 centres situés en France. Entre le 28
mars 2007 et le 25 février 2010, nous avons réparti (1 :1 :1 :1) de manière aléatoire, des adultes atteints de carcinome différencié de la
thyroïde à faible risque qui avaient bénéficié d’une thyroïdectomie totale, à l’une
des quatre stratégies thérapeutiques, chacune d’entre elles combinant l’une des
deux méthodes de stimulation de la thyrotropine (rhTSH ou suppression de l’hormone
thyroïdienne) avec l’iode radioactif à deux activités différentes (1.1 GBq ou
3.7 GBq). La randomisation était réalisée à l’aide d’une séquence générée par
ordinateur, avec taille de blocs variable. Le suivi a consisté en une mesure
annuelle de la thyroglobuline sérique sous traitement lévothyroxine. La mesure
de la thyroglobuline suite à la stimulation par rhTSH ainsi que l’examen du cou
par échographie étaient réalisées à l’initiative du médecin traitant. La non
existence d’une maladie était définie par des taux de thyroglobuline sérique
inférieurs ou égaux à 1 ng/mL sous traitement lévothyroxine accompagnés de
résultats normaux aux examens du cou par échographie (…).
726 patients (97% des patients sur les 752 initialement
randomisés) ont été suivis. Après la durée médiane de suivi de 5.4 ans à partir
de la randomisation (fourchette de 0.5 à 9.2), 715 (98%) patients ne
présentaient plus aucun signe de maladie. Les 11 autres patients présentaient
soit une pathologie structurelle (n=4), une élévation de la thyroglobuline
sérique (n=5), ou des signes indéterminés visibles aux examens du cou par échographie. À l’ablation,
six de ces patients avaient bénéficié de 1.1 GBq d’iode radioactif (cinq après
administration de rhTSH et un après suppression) et cinq avaient bénéficié de 3.7
GBq (deux après administration de rhTSH et trois après suppression). La
concentration en thyroglobuline après stimulation par la TSH (soit par injections
de rhTSH soit par suppression de l’hormone thyroïdienne selon les groupes de
traitement) mesurée au moment de l’ablation avait valeur pronostique d’une atteinte
pathologique structurelle à l’ablation, du statut de l’ablation à 6-10 mois, et
du résultat final.
Nos résultats suggèrent que la récidive de la
maladie était indépendante de la stratégie appliquée pour l’ablation. Ces
données valident l’utilisation de l’iode radioactive à une dose de 1.1 GBq
après rhTSH pour l’ablation postopératoire chez les patients atteints de cancer
de la thyroïde à faible risque. Prof Martin Schlumberger, MD, et al, dans The
Lancet Diabetes & Endocrinology, publication en ligne en avant-première, 25
mai 2018
Financement : Institut National du Cancer (France),
Ministère de la Santé (France), et Sanofi Genzyme