Des découvertes provenant d’études effectuées sur des familles et des
jumeaux suggèrent que le bagage génétique au déclenchement de troubles psychiatriques
n’est pas toujours directement associé aux troubles psychiatriques eux-mêmes,
selon leur actuelle catégorisation. Notre but était d’identifier les variants génétiques
sous-jacents, responsables d’effets partagés entre les cinq troubles
psychiatriques recensés par le « Psychiatric Genomics Consortium », à
savoir: troubles du spectre autistique, troubles d’hyperactivité avec déficit
de l’attention, troubles bipolaires, dépression majeure et schizophrénie.
Nous avons analysé les données de polymorphismes du nucléotide simple (SNP)
sur génome entier pour les cinq troubles
dans 33 332 cas et 27 888 contrôles de descendance européenne. Afin
de caractériser les effets propres des allèles pour chaque trouble, nous avons
appliqué une procédure de régression logistique multinomiale avec sélection de
modèle pour identifier le modèle assurant le meilleur ajustement, pour l’évaluation
des relations entre génotype et phénotype. Nous avons examiné les effets
croisés des troubles propres aux loci précédemment identifiés sur génome entier
pour les troubles bipolaires et la schizophrénie, et avons utilisé une analyse de
risque polygénique pour examiner les effets sur un échantillon plus large de
variants communs. Nous avons entrepris des analyses de voies de signalisation
pour établir les associations biologiques sous-jacentes pour les cinq troubles.
Nous avons utilisé une analyse d’expression de l’enrichissement de régions
géniques pour recherche d’identification individuelle des allèles (QTL) [expression
quantitative trait loci - eQTL – dans le texte] afin de décider si les
SNPs liés aux associations des troubles montraient de fait un enrichissement au
niveau des SNPs de régulation sur des échantillons post mortem de tissus cérébraux.
Des SNPs au niveau de 4 loci ont dépassé les limites de significativité au
niveau du génome entier (p<5x10-8) en première analyse: les
régions des chromosomes 3p21 et 10q24, et SNPs au sein de deux sous-unités de
canaux calciques dépendants du voltage, CACNA1C
et CACNB2. L’analyse sur sélection de modèle a confirmé
un effet des ces loci pour plusieurs troubles. Les loci précédemment associés
aux troubles bipolaires ou la schizophrénie ont montré une spécificité
diagnostique variable. Les scores d’analyse de risque polygénique ont montré
des associations d’effets croisés de troubles, notamment en ce qui concerne des
pathologies débutant à l’âge adulte. L’analyse des voies de signalisation a
confirmé un rôle des gènes codant pour la régulation des canaux calciques pour
les cinq troubles mentionnés. Enfin, les SNPs avec évidence d’associations d’effets
croisés étaient enrichis, pour ce qui est des marqueurs eQTL cérébraux.
Nos données montrent que des SNPs spécifiques sont associés à une variété
de troubles psychiatriques débutant pendant l’enfance ou à l’âge adulte. En
particulier, des variations de gènes codant pour le contrôle de l’activité des
canaux calciques semblent provoquer des effets pléiotropiques sur la
psychopathologie. Ces résultats apportent des évidences pertinentes dans la
description plus avant des syndromes psychiatriques, vers une nosologie
alimentée par la cause – même des pathologies. Cross-Disorder Group of the Psychiatric
Genomics Consortium, The Lancet, Early Online Publication 28 February 2013
Source: The Lancet Online /
Traduction et adaptation: NZ
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