L’anorexie mentale est une maladie chronique du comportement alimentaire réfractaire aux traitements chez des nombreux patients; montrant un
taux de mortalité parmi les plus élevés observés concernant les troubles
psychiatriques. La stimulation cérébrale profonde (SCP) a été appliquée pour le
traitement des maladies neuropsychiatriques affectant les voies nerveuses,
comme la maladie de Parkinson et la dépression majeure, avec des résultats
prometteurs. Notre but était d’évaluer
la sécurité de la SCP pour la modulation de l’activité des circuits limbiques
et d’examiner en quoi cela pouvait agir sur les manifestations cliniques de l’anorexie
mentale.
Nous avons réalisé une étude prospective de phase 1 de SCP du gyrus
sous-calleux chez six patients atteints d’anorexie mentale chronique grave,
réfractaire aux traitements. Les patients éligibles étaient âgés de 20 à 60
ans, chez lesquels avait été diagnostiquée une anorexie mentale à restriction
alimentaire drastique ou à épisodes récidivants de gavage et de purge ;
avec chronicité ou résistance aux traitements caractérisés. Les patients ont
été soumis à validation médicale préopératoire, à la mesure de leur Indice de
Masse Corporelle (IMC) de base, à des évaluations psychométriques et à des examens
de neuroimagerie. Puis, électrodes et générateurs
servant à la délivrance continue de stimulations électriques ont été implantés
chez les patients. Les patients ont été suivi sur une période de 9 mois au
maximum après activation de la SCP ; les critères principaux de mesure étant
les évènements indésirables liés à la chirurgie ou à la stimulation, relevés à
chaque visite de suivi. Les évaluations psychométriques, mesures d’IMC et les
examens de neuroimagerie ont également été effectués à intervalles. (…).
La SCP a provoqué plusieurs évènements indésirables, un seul d’entre eux (troubles
de type épilepsie pendant le programme, environ 2 semaines après la chirurgie)
a été qualifié de grave. Les autres évènements indésirables étaient attaque de
panique pendant la chirurgie, nausée, embolie gazeuse et douleur. Après 9 mois,
trois patients sur six avaient atteint et maintenu un IMC plus élevé qu’à la
ligne de base. La SCP a provoqué des améliorations de l’humeur et de la
régulation des états émotifs, une diminution de l’anxiété et des obsessions et compulsions liées à l’anorexie mentale chez
quatre patients, avec des améliorations de qualité de vie chez trois d’entre
eux après 6 mois de stimulation. Ces bénéfices cliniques étaient accompagnés de
changements dans le métabolisme du glucose cérébral (constatations au vu des
résultats de mesures effectuées par scanneur TEP à la ligne de base et à 6 mois)
en cohérence avec l’inversion des anormalités observées au niveau du cingulum
antérieur, du cortex insulaire et du lobe pariétal, dans ce trouble.
La SCP effectuée au niveau du gyrus sous-calleux semble être sûre de
manière générale sur cet échantillon de patients atteints d’anorexie mentale
chronique et réfractaire aux traitements. Nir Lipsman MD et al, in The
Lancet, Early Online Publication, 7 March 2013
Financement : Bourse de la Fondation « Famille Klarman pour la
Recherche sur les Troubles du Comportement Alimentaire » et Institut de
Recherche sur la Santé du Canada
Source : The Lancet Online /
Traduction et adaptation : NZ
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