Epilepsie. Source iconographique: http://sante.lefigaro.fr/actualite/2011/10/13/13851-epilepsie-resultats-interessants-chirurgie |
Les études menées sur des modèles animaux (rongeurs de laboratoire) d’épilepsie
suggèrent que les transporteurs d’efflux polychimiothérapeutiques au niveau de la
barrière hémato-encéphalique, comme la glycoprotéine P, pourraient contribuer
au développement de la pharmacorésistance en réduisant les concentrations en
médicaments antiépileptiques au niveau des sites cibles. Nous avons étudié l’activité
glycoprotéine P in vivo chez des patients atteints d’épilepsie du lobe
temporal.
Nous avons sélectionné 16 patients atteints d’épilepsie pharmacorésistante du
lobe temporal montrant des crises d’épilepsie malgré les traitements
administrés (au moins deux médicaments antiépileptiques différents), 8 patients
sous médicament antiépileptique et exempts de crises d’épilepsie pendant l’année
suivant trois années ou plus d’épilepsie active du lobe temporal, et 17
contrôles sains. Tous les participants ont subi un examen TEP à l’aide du
substrat glycoprotéine P (R)-[11C]
verapamil. Les patients pharmacorésistants et les contrôles sains ont ensuite
été perfusés pendant 30 minutes avec l’inhibiteur de la glycoprotéine P
tariquidar suivi par un autre examen TEP au (R)-[11C]
verapamil 60 minutes plus tard. Les
patients exempts de crises d’épilepsie ont subi alors un nouvel examen TEP,
sans perfusion préalable au tariquidar. Nous avons calculé la constante K1
(mL/min/cm3) du transport à la barrière hémato-encéphalique du (R)-[11C]
verapamil par la mesure des voxels. Une constante K1 faible à la ligne
de base, de même qu’une constante K1
en croissance réduite après tariquidar
correspond à une activité glycoprotéine P élevée.
Entre octobre 2008 et novembre 2011, nous avons effectué les études au (R)-[11C] verapamil chez 14
patients pharmacorésistants, 8 patients exempts de crises, et 13 contrôles
sains. L’analyse basée sur la mesure des voxels a révélé que les patients
pharmacorésistants montraient une constante K1 plus faible à la
ligne de base, correspondant à une activité glycoprotéine P plus élevée à la
ligne de base que chez les patients exempts de crises au niveau de l’amygdale
ipsilatérale (0,031 versus 0,036 mL/min/cm3 ; p=0,014), du parahippocampe bilatéral
(0,032 versus 0,037 ; p<0,0001),
du gyrus fusiforme (0,036 versus 0,041 ; p<0,0001), du gyrus temporal
inférieur (0,035 versus 0,041 ; p<0,0001),
et du gyrus temporal moyen (0,038 versus 0,044 ; p<0,0001). Des niveaux plus élevés d’activité glycoprotéine P
étaient associés à une fréquence plus élevées de crises au niveau de la
substance grise observée sur le cerveau entier (p=0,016) et au niveau de l’hippocampe (p=0,029). Chez les contrôles
sains, nous avons noté une augmentation de 56,8% de la constante K1 après
2 mg/kg de tariquidar au niveau du cerveau entier, et de 57,9%
pour une perfusion à raison de 3 mg/kg ; chez des patients atteints d’épilepsie
du lobe temporal pharmacorésistante. Simultanément, la constante K1 n’a montré, au
niveau du cerveau entier, qu’une augmentation de 21,9% pour une perfusion à raison
de 2 mg/kg et de 42,6% pour une perfusion à raison de 3 mg/kg. Cette différence
de réponse au tariquidar était plus prononcée au niveau de l’hippocampe
sclérotique (augmentation moyenne de 24,5% chez les patients versus 65% chez
les contrôles sains, p<0,0001).
Nos résultats soutiennent l’hypothèse selon laquelle il existe un lien
entre une hyperactivité glycoprotéine P dans certaines régions du cerveau et
une pharmacorésistance dans l’épilepsie du lobe temporal. Si cette relation se
confirme, et que la glycoprotéine P peut être identifiée comme contributrice à
une pharmacorésistance ; empêcher l’hyperactivité de la glycoprotéine P
pourrait être pris en considération comme traitement potentiel. Marianne
Feldmann MD et al, in The Lancet Neurology, Early Online Publication, 18 June
2013
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