La narcolepsie est une maladie rare (<1/2000 personnes). Il s'agit d'une maladie du sommeil chronique très handicapante dont l'origine à ce jour reste incertaine. Source iconographique et légendaire: http://www.montp.inserm.fr/u1061/SiteU1061/cnrnh/web/narcolepsie.html |
La narcolepsie se traduit par une somnolence diurne excessive (EDS) et une
catalepsie. Les neurones à histamine sont cruciaux pour le maintien de l’état d’éveil.
Nous avons étudié la sécurité et l’efficacité et du pitolisant (précédemment
nommé BF2.649), un agoniste inverse du récepteur à histamine h3, activateur de
ces neurones, chez des patients atteints de narcolepsie.
Pour cette étude en double aveugle, randomisée sur groupes parallèles et
contrôlée, nous avons recruté des patients atteints de narcolepsie provenant de
32 centres de traitement des troubles du sommeil, situés dans cinq pays
européens. Les patients étaient éligibles s’ils étaient âgés de 18 ans et plus,
s’ils n’avaient pas pris de psychostimulants au cours des 14 jours – au minimum
– précédents, et s’ils étaient atteints d’EDS (définie par un score d’au moins
14 sur l’échelle de somnolence diurne d’Epworth - ESS -). Nous avons réparti
les patients de manière aléatoire pour recevoir le pitolisant, le modafinil, ou
le placebo (1 :1 :1) à l’aide d’une séquence de randomisation générée
par ordinateur. Le traitement a été administré sur une durée de 8 semaines :
trois semaines à dose modulable selon le jugement de l’investigateur (10 mg,
20 mg, 40 mg / jour de pitolisant ; 100 mg, 200 mg ou 400 mg / jour de
modafinil) suivi par 5 semaines de traitement à dose fixe. Les patients
prenaient 4 comprimés selon le plan à double placebo de l’étude, afin d’en assurer
le caractère aveugle. Pour l’analyse primaire de l’étude, effectuée
sur population en intention de traiter, nous avons évalué la supériorité de
pitolisant versus placebo, ainsi que la non-infériorité de pitolisant versus
modafinil. (…).
Entre le 26 mai 2009 et le 30 juin 2010, nous avons sélectionné 110
patients, dont 95 étaient éligibles et donc randomisés pour recevoir le
traitement. Ainsi, 30 patients ont reçu le placebo, 32 patients le piltolisant,
et 33 le modafinil. Sur la période de 8 semaines du traitement, les scores ESS
moyens ont diminué : -3,4 (déviation standard [DS] 4,2 dans le groupe
placebo), -5,8 (6.2) dans le groupe pitolisant, et -6,9 (6,2) dans le groupe
modafinil. Notre analyse primaire intergroupe des scores ESS moyens (ajustés par rapport à la ligne de base) a
montré une supériorité du pitolisant par rapport au placebo (différence :
-3,0 ; Intervalle de Confiance – IC – 95% -5,6 à -0,4 ; p=0,024), mais pas la non-infériorité
par rapport au modafinil (différence : 0,12 ; IC 95% -2,5 à 2,7 ;
p=0,250). Nous avons enregistré 22
événements indésirables avec le pitolisant, 26 avec le modafinil, et dix avec
le placebo (douleur abdominale, comportement anormal, symptômes de sevrage
ressemblant à ceux observés avec les amphétamines, lymphoadénopathie, et
troubles de l’oreille interne).
Le pitolisant, administré à des doses jusqu’à 40 mg, a provoqué un effet
sur l’EDS en comparaison du placebo, et bien toléré en comparaison du modafinil.
Si ces résultats sont étayés par de futures études, le pitolisant pourrait
représenter une option nouvelle de traitement chez les patients atteints de
narcolepsie. Prof Yves Dauvilliers MD et
al, dans The Lancet Neurology, publication en ligne en avant – première, 7
octobre 2013
Financement : Bioprojet, France
Source :
The Lancet Online / Traduction et
adaptation : NZ
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