Des soldats devant la prison de Moldovanovka au Kirghizistan; où un millier de prisonniers se sont cousus les lèvres, en 2006. (Pratique d'automutilation). Source iconographique et légendaire: http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/article/2012/01/24/au-kirghizistan-un-millier-de-prisonniers-se-cousent-les-levres_1633954_3216.html |
L’automutilation et le suicide sont des phénomènes fréquents chez les
prisonniers, toutefois, des données exhaustives concernant les personnes à
risque manquent encore à l’heure actuelle. De plus, la compréhension de la
fréquence du geste suicidaire suivant l’automutilation proprement dite - et c’est important pour la compréhension du
phénomène - et quelles catégories de prisonniers montrent le plus de
probabilité d’occurrence, restent à définir. Nous avons effectué une étude de cas-témoin rassemblant
tous les prisonniers incarcérés en Angleterre et au Pays de Galles; afin de
définir la prévalence du geste d’automutilation dans cette population, les
facteurs de risque associés, et les risques de suicide suivant le geste d’automutilation.
L’ensemble des données d’incidents d’automutilation consignés de toutes les
prisons d’Angleterre et du Pays de Galles ont été systématiquement rassemblées
entre janvier 2004 et décembre 2009. Nous avons effectué des études cas-témoin
comportant des groupes de comparaison, sur les prisonniers ayant fait montre d’automutilation
et sur les prisonniers n’ayant pas
montré de geste d’automutilation, entre janvier 2006 et décembre 2009. Nous
avons aussi analysé plus en détail les personnes s’étant automutilées de
manière plus spécifique, à l’aide d’une approche Bayésienne. Le groupe de prisonniers
automutilés, morts en prison par suicide par la suite a été comparé au groupe
des détenus automutilés n’ayant pas succombé en prison par la suite.
139 195 incidents d’automutilation ont été enregistrés chez 26 510
prisonniers différents entre 2004 et 2009 ; 5-6% des prisonniers de sexe masculin
et 20-24% des prisonnières de sexe féminin se sont automutilées chaque année.
Les taux d’automutilation se sont montrés dix fois supérieurs chez les
prisonnières que chez leurs collègues prisonniers. La répétition de l’acte d’automutilation s’est
révélée fréquent, particulièrement chez les femmes et les adolescentes, chez
lesquelles il a été comptabilisé 17 307 épisodes d’automutilation sur
sous-groupe de 102 prisonnières. À la fois chez les hommes et les femmes, la
fréquence d’automutilation était corrélée avec l’âge – actes plus fréquents
chez les jeunes -, une origine caucasienne, le type de prison, la condamnation
à vie, l’attente du jugement ; par ailleurs, chez les femmes, l’acte de
violence perpétré contre un tiers a été également pris en compte dans l’évaluation.
De substantielles évidences d’effet
groupé en termes de moment d’occurrence des actes localisation des prisonniers
automutilés (corrélation intra-classe de prisonniers ajustée 0.15, Intervalle
de Confiance – IC – 95% 0.11 – 0.18). 109 suicides suite à automutilation ont
été rapportés ; le risque de suicide se révélant supérieur de fait chez
les prisonniers automutilés que dans la population carcérale générale, plus de
la moitié des morts survenant dans le mois suivant l’acte d’automutilation. Les
facteurs de risque de suicide après automutilation chez les prisonniers masculins
étaient l’âge et un épisode précédent d’automutilation (…) ; et, chez les
prisonnières féminines, un historique de plus de cinq incidents d’automutilation
dans l’année étant associé à un suicide survenant par la suite.
Le fardeau que représente le phénomène d’automutilation dans la population
carcérale est important, particulièrement chez les femmes. L’automutilation en
prison est fréquemment suivie d’un suicide dans ce cadre. La prévention contre
le geste d’automutilation chez les prisonnières et les prisonniers représente
une composante essentielle pour la prévention des suicides dans les prisons. Prof
Keith Hawton FMedSci et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant –
première, 16 décembre 2013
Financement : Wellcome
Trust, National Institute of Health Research, National Offender Management
Service, and Department of Health.
Source: The Lancet Online /
Traduction et adaptation: NZ
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