Il n’existe pas de traitement permettant de ralentir ou de stopper la
progression de l’atrophie multisystématisée, trouble neurologique progressif à
issue fatale. Il a été montré sur un modèle d’atrophie multisystématisée de
souris en laboratoire que la rifampicine inhibe la formation de fibrilles d’alpha-synucléine,
caractéristique de cette maladie. Notre but était d’étudier la sécurité et l’efficacité
de la rifampicine chez des patients atteints de d’atrophie multisystématisée.
Dans cet essai randomisé, en double aveugle et contrôlé par placebo, nous
avons recruté des participants âgés entre 30 et 80 ans avec suspicion ou
atteinte avérée d’atrophie multisystématisée dans 10 centres médicaux situés
aux États-Unis d’Amérique. Les patients éligibles ont été répartis de manière
aléatoire (1:1) à l’aide d’une séquence de randomisation par blocs permutés
générée par ordinateur pour recevoir la rifampicine 300 mg deux fois par jour ou le placebo correspondant (capsules
de riboflavine 50 mg), et stratifiés par sous-type de pathologie (parkinsonienne
ou cérébelleuse) par blocs de quatre. Le paramètre principal mesuré était le
taux de changement [(analyse de la pente) de la ligne de base t=0 à
t=12 mois] du score de l’échelle d’évaluation unifiée de l’atrophie multisystématisée
(score UMSARS), analysé chez tous les participants ayant subi au moins une
mesure post ligne de base du score. (…).
Entre le 22 avril 2011 et le 19 avril 2012, nous avons assigné de manière
aléatoire les 100 participants aux traitements (50 au médicament à l’étude
rifampicine et 50 au placebo). Quatre participants du groupe rifamicine et cinq
du groupe placebo ont prématurément quitté l’étude. L’analyse intermédiaire planifiée
à l’avance (n=15 dans chaque groupe) du résultat obtenu sur le paramètre
principal de mesure a montré que l’essai satisfaisait aux critères d’arrêt pour
futilité ; ainsi, l’essai a été interrompu (le changement moyen [analyse
de pente de courbe] du score UMSARS était de 0.62 points [Déviation Standard -SD-
0.85] par mois dans le groupe rifampicine versus 0.47 [0.48] dans le groupe
placebo ; probabilité de futilité p=0.0032 ; d’efficacité p=0.76). À
t=terminaison de l’essai, 49 participants du groupe rifampicine et 50 du groupe
placebo avaient des données de suivi et pouvaient être inclus dans l’analyse
finale. Le paramètre principal de mesure s’est établi à 0.5 points (DS 0.7) par
mois pour le groupe rifampicine et à 0.5 (0.5) par mois pour le groupe placebo
(différence 0.0, Intervalle de Confiance -IC- 95% de -0.24 à 0.24 ;
p=0.82). Trois (6%) des 50 participants du groupe rifampicine et 12 (24%) du
groupe placebo ont montré un évènement indésirable grave ou plus ; aucun n’a
été considéré comme lité au traitement.
Nos résultats montrent que la rifampicine ne ralentit ni ne stoppe la
progression de l’atrophie multisystématisée. Malgré ces résultats négatifs, l’essai
fournit l’information nécessaire à la conception de futures études pour l’étude
du potentiel de thérapies nouvelles pour le traitement de patients atteints d’atrophie
multisystématisée. Prof Philippe A Low MD et al, The Lancet Neurology,
publication en ligne en avant-première, 5 février 2014
Financement : National
Institute of Health, Mayo Clinic Center for Translational Science Activities,
et Mayo Funds
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