Nutrition entérale (régime riche en calories) administrée chez un patient atteint de sclérose latérale amyotrophique. Copyright: Corbis |
La sclérose latérale amyotrophique et une maladie neurodégénérative fatale pour le traitement de laquelle il n’existe que peu d’options thérapeutiques. Une obésité modérée est associée
à une meilleure survie des patients atteints de cette maladie ; ainsi, les
régimes riches en calories améliorent la
survie chez les modèles de souris. Notre but était d’étudier la sécurité et la
tolérance de deux régimes hypercaloriques administrés par nutrition entérale chez
des patients atteints de sclérose latérale amyotrophique.
Dans cette étude randomisée de phase 2, en double – aveugle et contrôlée
par placebo, nous avons recruté des adultes atteints de sclérose latérale
amyotrophique dans les centres y participant, situés aux États-Unis. Les patients
éligibles étaient âgés de 18 ans et plus, ne présentaient aucun historique de
diabète ni de maladie hépatique ou cardiovasculaire, et étaient déjà placés sous
nutrition entérale par voie percutanée. Nous avons réparti les participants (1:1:1)
à l’aide d’un système de génération par ordinateur, afin d’être soumis à une à
trois interventions d’ordre nutritionnel : calories de substitution par régime
isocalorique administré par cathéter (patients contrôles), par régime hypercalorique
riche en glucides administré par cathéter (HC/HC), ou par régime hypercalorique
riche en lipides et en glucides administré par cathérer (HF/HC). Les
participants ont reçu les régimes d’intervention pendant 4 mois, et ont été
suivis pendant les 5 mois suivants. Les paramètres primaires mesurés étaient la
sécurité et la tolérance, analysés chez tous les patients ayant commencé le
régime à l’étude. (…).
Entre le 14 décembre 2009 et le 2 novembre 2012, nous avons recruté 24
participants dont 20 ont commencé le régime à l’étude (six dans le groupe contrôle,
huit dans le groupe HC/HC, et six dans le groupe HF/HC). Un patient appartenant
au groupe contrôle, et deux du groupe HF/HC se sont retirés de l’étude avant l’intervention
nutritionnelle. Les participants soumis au régime HC/HC ont montré un nombre
plus petit d’évènements indésirables que ceux appartenant aux autres groupes
(23 dans le groupe HC/HC versus 42
dans le groupe contrôle versus 48
dans le groupe HF/HC ; globalement, p=0.06 ; HC/HC versus contrôle, p=0.06) et un nombre
significativement plus bas d’évènements indésirables graves que ceux du groupe
régime de contrôle (aucun versus neuf ; p=0.0005). Un nombre moins élevé de patients du
groupe HC/HC se sont retirés de l’étude du fait d’évènements indésirables
(aucun [0%] sur huit dans le groupe HC/HC versus trois [50%] sur les six patients
du groupe de contrôle). Pendant les 5 mois de suivi, aucun décès n’est survenu
chez les neuf patients du groupe régime HC/HC en comparaison des trois morts
(43%) chez les sept patients soumis au régime de contrôle (test logarithmique
par rangs p=0.03). Les évènements indésirables, la tolérance, les décès, ainsi
que la progression de la maladie n’ont pas montré de différence significative
entre le groupe HF/HC et le groupe de contrôle.
Nos résultats préliminaires montrent que la nutrition entérale
hypercalorique est sûre et tolérable chez les patients atteints de sclérose
latérale amyotrophique et soutiennent la poursuite d’études d’intervention
nutritionnelles dans le cadre d’essais cliniques randomisés plus importants, à
des stades précoces de la maladie. Dr Anne-Marie Wills et al, dans The Lancet,
publication en ligne avant-première, 28 février 2014
Financement : Muscular
Dystrophy Association, National Center for Research Resources, National
Institute of Health, et Harvard NeuroDiscovery Center.
Source: The
Lancet / Traduction et adaptation:
NZ
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