Depuis les années 1990, la chimiothérapie adjuvante à base de fluorouracile
a réduit le risque de récidive tumorale de manière significative chez des
patients atteints de cancer du côlon de stade III. Notre but était d’évaluer si
l’adjonction de cetuximab à la chimiothérapie adjuvante standard à base d’oxaliplatine,
fluorouracile et leucovorine (FOLFOX4) chez des patients atteints d’un cancer
du côlon de stade III pouvait améliorer la survie sans récidive (DFS).
Pour cette étude de phase 3, ouverte et randomisée, effectuée dans neuf
pays européens, nous avons recruté des patients à l’aide d’un système vocal
interactif pour randomisation avec procédure de stratification centrale par bloc
permuté. Nous avons réparti les patients atteints d’une pathologie de stade III
et ayant subi une résection (R0) (1:1) pour recevoir 12 cycles de FOLFOX4 deux
fois par semaine avec ou sans cetuximab. Les patients ont été
stratifiés selon leur status N (N1 versus N2), leur status T (T1-3 versus T4),
et leur status de perforation (pas d’occlusion et pas de perforation versus
occlusion ou perforation ou les deux). Un amendement au protocole a été appliqué en
juin 2008, après que 2096 patients aient été randomisés de manière aléatoire à
un traitement réservé aux patients atteints de tumeurs de type sauvage au
niveau des codons 12 et 13 de l’exon 2 du gène KRAS (exon 2 de type sauvage du
gène KRAS). Le critère principal d’évaluation était la DFS. L’analyse a été
faite sur population de patients montrant des tumeurs de type sauvage sur le
plan de l’exon2 du gène KRAS en intention de traiter. (…).
Entre le 22 décembre 2005 et le 5 novembre 2009, 2559 patients répartis sur
340 sites en Europe ont été assignés de manière aléatoire dans les groupes. 1602 de ces patients étaient atteints de tumeurs de type sauvage au
niveau de l’exon 2 du gène KRAS (population en intention de traiter), 791 dans
le groupe FOLFOX4 + cetuximab et 811 dans le groupe FOLFOX4. La médiane de
suivi était de 3.3 ans (Intervalle Interquartile -IQR- 3.2-3.4). Dans les deux groupes
(groupe expérimental et groupe contrôle), la DFS était similaire dans la
population en intention de traiter (hazard ratio [HR] 1.05 ; Intervalle de
Confiance -IC- 0.85-1.29 ; p=0.66),
et chez les patients avec mutation de l’exon 2 du gène KRAS/BRAF de type sauvage
(n=984, HR 0.99 ; IC 95% 0.76-1.28) ou tumeurs avec mutation de l’exon 2
du gène KRAS (N=742, HR 1.06 ; IC 95% 0.82-1.37). Nous avons noté des
réponses hétérogènes à l’adjonction de cetuximab lors des analyses préplanifiées
de sous-groupe. Les éruptions cutanées acnéiformes de grade 3 ou 4 (chez 209
des 785 patients [27%] versus quatre des 805 patients [<1%]), diarrhée (113 [14%]
versus 70 [9%]), mucosite (63 [8%] versus 10 [1%]), et des réactions liées aux
perfusions (55 [7%] versus 30 [4%]) ont été plus fréquents chez les patients
recevant le traitement FOLFOX4 + cetuximab que chez les patients recevant
FOLOFOX4 seul respectivement.
L’adjonction de cetuximab à FOLOFOX4 n’a pas amélioré la DFS en comparaison
de FOLFOX4 seul chez les patients ayant subi une résection chirurgicale pour leur cancer du
côlon de stade III, et dont la tumeur est porteuse de l’exon 2 du type sauvage
du gène KRAS. Cet essai ne permet pas de conclure sur le bénéfice de l’adjonction
de cetuximab sur la population étudiée, mais l’hétérogénéité de la réponse obtenue
suggère que de futures investigations sur le rôle de FOLFOX4 + cetuximab
effectuées sur des sous-groupes spécifiques de patients sont à recommander. Prof
Julien Taieb MD et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant –
première, 11 Juin 2014
Financement : Fédération Francophone de Cancérologie Digestive (FFCD),
Merck KGaA, et Sanofi-Aventis
Source : The Lancet Online /
Traduction et adaptation : NZ
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