L’introduction de la vaccination contre le papillomavirus humain (HPV) dans
des environnements où le fardeau du HPV est le plus important est loin d’être
universelle, en partie du fait de l’absence d’estimations quantitatives des effets
pays-spécifiques et des effets sur les coûts en matière de santé publique de la
mise en place d’une telle démarche. Notre but était de développer et de valider
un modèle générique simple des effets attendus, pouvant servir et intelligible
pour ce qui est de son utilisation dans un bon nombre d’environnements avec peu
de support logistique externe.
Nous avons développé une interface rapide de modélisation économique
(PRIME) afin d’évaluer le rapport coût/efficacité et les effets sanitaires de
la vaccination des jeunes filles contre le HPV avant le début de la vie
sexuelle en termes de fardeau du cancer du col de l’utérus et de la mortalité qu’on
peut lui imputer. PRIME est de fait une modélisation de l’efficacité du vaccin
proposé contre HPV 16/18 en fonction de la couverture vaccinale, de l’incidence
du cancer du col de l’utérus, de la mortalité à lui imputer et de la
distribution des types d’HPVs rencontrés. Le positionnement de la présente
étude part du principe que la vaccination assure une protection pour la vie
entière, et aucun changement n’est intervenu, ni dans les protocoles de vaccination
ni dans les méthodes de dépistage. Ainsi, nous avons validé le modèle PRIME
contre des comptes rendus précédemment publiés relatifs au rapport
coût-efficacité, effectué des projections concernant les résultats attendus
pour 179 pays (principe d’une couverture vaccinale complète des filles de 12
ans), et des résultats attendus pour 71 pays éligibles pour l’étude de phase 2
GAVI (à l’aide des données de couverture vaccinale fournies par l’Alliance
GAVI). Nous avons étudié les différences inter-pays en termes de rapport coût-efficacité
et d’effets sur la santé globale.
En validation, le rapport PRIME a rendu des conclusions de rapport
coût-efficacité pour 24 des 26 pays concernés à partir de 17 études publiées,
et pour l’ensemble des 72 pays ; dans une étude publiée concernant les
pays éligibles pour étude GAVI. La vaccination d’une cohorte de 58 millions de
filles de 12 ans dans 179 pays a permis d’éviter 690 000 cas de cancer du
col de l’utérus et 420 000 morts au cours de leur vie (dans des pays à revenus
faibles ou intermédiaires), et un coût net de 4 milliards de $ U.S. La
vaccination contre l’HPV s’est révélée d’un excellent rapport coût-efficacité (chaque
année de vie ajustée à l’incapacité évitée engendrant un coût moindre que le
produit intérieur brut par tête) dans 156 (87%) des 179 pays. L’introduction du
vaccin dans des pays sans programme national de vaccination contre le HPV pourrait
éviter un nombre considérable de cas supplémentaires de cancer du col de l’utérus,
grâce à la mise en place de tels programmes, bien que la disparité des
situations ait diminué ces dernières années. Si les 71pays éligibles pour l’étude
GAVI de phase 2 adoptent la vaccination, les campagnes de vaccination financées
par l’Alliance GAVI pourraient éviter 200 000 cas supplémentaires de
cancer du col de l’utérus et 100 000 morts à l’horizon 2070, dans quelques-uns
des pays au plus lourd fardeau.
Il existe d’importantes disparités pour ce qui est de la vaccination contre
le HPV, avec notamment des pays qui auraient beaucoup à gagner en mettant en
place la vaccination contre le HPV. Un soutien de l’Alliance GAVI pourrait
permettre de réduire de telles disparités, mais un fardeau important restera,
même après la mise en place des campagnes de vaccination projetées. Mark Jit PhD et al, dans The Lancet Global Health, publication en ligne en avant - première, 10 juin 2014
Financement : WHO (OMS – Organisation Mondiale de la Santé)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire