Des données suggèrent qu’il peut y avoir des interactions entre les
médicaments antiépileptiques et les thérapies hormonales, qui peuvent
représenter un défi à relever par les endocrinologues avec des patients
atteints à la fois d’hypopituitarisme et de maladies neurologiques.
Les données sont rares pour ce sous-groupe de patients ; cependant,
les données relatives à l’interaction des médicaments antiépileptiques avec l’axe
pituitaire ont montré que la prise chronique de médicaments antiépileptiques en
grand nombre, comme la carbamazepine, l’oxcarbazepine, et le topimarate,
augmente l’activité du cytochrome P450 3A4 (CYP3A4), et peut provoquer une
diminution des concentrations sériques en hormones sexuelles. D’autres
médicaments antiépileptiques provoquent une augmentation de la globuline
hormono-liante, réduisant ce faisant l’activité biologique de la testostérone
et de l’oestradiol. De plus, la pilule contraceptive combinée
oestroprogestative pourrait provoquer une diminution des concentrations en
lamotrigine, ce qui pourrait aggraver les crises épileptiques. De plus, les
hormones sexuelles et leurs métabolites peuvent agir directement sur l’excitabilité
neuronale, agissant comme des neurostéroïdes. Du fait que la carbamazepine et l’oxcarbazepine
peuvent augmenter la sensibilité des tubules rénaux, une réduction des doses de
desmopressine pourrait se révéler nécessaire chez les patients atteints de
diabète insipide central*.
Bien que les effets des médicaments antiépileptiques sur l’hypothyroïdisme
central n’aient pas encore fait l’objet d’études, de sérieux indices montrent
que plusieurs médicaments antiépileptiques peuvent augmenter le métabolisme des
hormones thyroïdiennes. Cependant, bien qu’il soit raisonnable de s’attendre à
un besoin d’augmenter les doses en thyroxine en cas de médication
antiépileptique, l’effet d’une dose excessive de thyroxine sur la diminution
des seuils de déclenchement de crises d’épilepsie doit aussi être pris en
considération.
Il n’y a pas à ce jour de données rapportant des interactions
significatives entre les médicaments antiépileptiques et l’efficacité des
thérapies à base d’hormone de croissance humaine ; par ailleurs, il n’y a
également que peu de données disponibles pour ce qui est des effets des
médicaments antiépileptiques de seconde génération pour le traitement de l’hypopituitarisme.
Rosa Maria Paragliola MD et al, dans The
Lancet Diabetes & Endocrinology,
publication en ligne en avant – première, 2 juin 2014
*Le Diabète Insipide central ou neurogène (DIC) provient d’un déficit ou d’une
absence en vasopressine, l’hormone antidiurétique qui agit normalement sur les
reins pour réduire l’émission d’urine en augmentant la concentration urinaire. (Source :
http://asso.orpha.net/AFDI/__PP__12.html)
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