Les traitements actuellement à disposition pour le lymphome diffus à
grandes cellules B (LDGCB) - un sous-type de lymphome non hodgkinien - est le
cocktail R-CHOP, constitué de rituximab, cyclophosphamide, doxorubicine,
vincristine et prednisone. L’ibrutinib, un nouvel inhibiteur de la Bruton
Tyrosine Kinase (BTK), a montré une activité en monothérapie dans les pathologies
malignes récidivantes ou réfractaires des cellules B. Nous avons étudié la sécurité
d’utilisation et l’efficacité de l’ibrutinib en combinaison avec R-CHOP chez
des patients atteints de lymphome non hodgkinien à cellules B, CD20 positif.
Dans cette étude ouverte et non randomisée de phase 1b, les patients ont
été recrutés dans six centres situés aux États-Unis et en France. Les patients
étaient éligibles s’ils étaient âgés de 18 ans ou plus, et atteints d’un lymphome
non hodgkinien à cellules B CD20 positif, histologiquement confirmé, non traité
au préalable. Au cours de la phase à dose croissante de médicament de l’étude
(1ère partie), les patients avec lymphome diffus à grandes cellules
B, lymphome des cellules du manteau, et lymphome folliculaire ont été recrutés.
L’objectif principal de l’étude était de déterminer la dose de d’ibrutinib de
phase 2 à recommander pour combinaison
avec le régime standard R-CHOP, par évaluation de la sécurité chez tous les
patients qui recevaient le traitement. Les
patients ont reçu l’ibrutinib à raison de 280 mg, 420 mg, ou 560 mg/jour en
combinaison avec le régime R-CHOP standard tous les 21 jours. La sécurité de
dose recommandable en phase 2 a été ensuite déterminée dans la population d’augmentation
de dosage, constituée de patients au lymphome à grandes cellules B nouvellement
diagnostiqué (2ème partie). Les objectifs secondaires comprenaient l’évaluation
de la proportion de patients montrant une réponse globale, la
pharmacocinétique, et la pharmacodynamie. (…).
Du 22 juin 2012 au 25 mars 2013, 33 patients ont été recrutés (1ère
partie : 17 ; 2ème partie : 16) et 32 d’entre eux ont
reçu ibrutinib + R-CHOP (un patient de la cohorte de 2ème partie
ayant quitté l’étude). La dose maximale de tolérance au médicament n’a pas été
atteinte, et c’est donc la dose de 560 mg d’ibrutinib par jour recommandable en phase 2 qui a été
retenue. Les évènements indésirables de grade 3
ou plus les plus fréquents ont inclus neutropénie (73% [24 patients sur 33]),
thrombocytopénie (21% [sept patients]), et neutropénie fébrile et anémie (18%
chacun [six patients]). Les évènements indésirables le plus souvent rapportés
étaient neutropénie fébrile (18% [six patients]) et hypotension (6% [deux patients]).
30 patients (94%) sur les 32 qui ont reçu une ou plusieurs doses de traitement
combiné ont montré une réponse globale. Les 18 patients atteints de lymphome à
grande cellules B qui ont reçu la dose recommandée en phase 2 ont montré une
réponse globale. Pour les patients sous – typés et recevant le traitement recommandable en phase 2, cinq (71%) sur sept porteurs du sous-type cellulaire B de phénotype
centre germinatif et deux (100%) patients porteurs du sous-type cellulaire B de
phénotype non-centre germinatif ont présenté une réponse complète. R-CHOP n’a pas eu d’effet sur la pharmacocinétique
d’ibrutinib, et l’ibrutinib n’a pas altéré la pharmacocinétique de la
vincristine. Les données de pharmacodynamie ont montré que la BTK était
totalement occupée - sur le plan du substrat* - (taux d’occupation :
>90%) à la dose recommandable en phase 2.
L’ibrutinib est bien toléré en combinaison avec R-CHOP, et pourrait
améliorer les réponses chez les patients atteints de lymphome non hodgkinien à
cellules B, mais nos résultats nécessitent confirmation par un essai de phase
3. Prof Anas Younes MD et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en
avant – première, 18 juillet 2014
*note du traducteur
Financement : Janssen
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