Le teriflunomide est une immunomodulateur administré per os une fois par
jour, ayant reçu approbation pour le traitement de la sclérose en plaques cyclique. Notre but
était d’étudier l’efficacité et la sécurité du teriflunomide chez des patients
présentant un premier épisode clinique suggérant une sclérose en plaques.
Dans cette étude de phase 3 randomisée, en double aveugle et à groupes
parallèles, nous avons recruté des patients âgés de 18 à 55 ans, atteints d’un
syndrome cliniquement isolé (défini comme évènement neurologique significatif
avec démyélinisation, commençant dans les 90 jours suivant la randomisation,
avec deux lésions ou plus de diamètre ≥ 3 mm de stade T2 visible par IRM) dans 112 centres
(centres hospitaliers pour la plus grande partie) situés dans 20 pays. Les
participants ont été répartis de manière aléatoire (1:1:1) en double aveugle (à
l’aide d’un dispositif vocal interactif) pour administration en une prise
quotidienne per os de teriflunomide 14 mg, ou de teriflunomide 7 mg ou du
placebo, sur une période de 108 semaines maximum. Ni les patients, ni le
personnel intervenant, ni les investigateurs n’avaient accès au tableau de
randomisation. Le critère principal d’évaluation de l’étude était la période de temps écoulée
avant récidive (toute anomalie neurologique nouvelle survenant au moins 30
jours après un évènement clinique précédent, patente pendant au moins 24 heures
en absence de fièvre ou infection connue), définissant ce faisant une sclérose
en plaques clairement établie. Le critère secondaire d’évaluation de l’étude était la période de temps écoulé
avant récidive ou [lésion nouvelle prenant
le contraste au gadolinium ou lésion T2 en IRM cérébrale]. Le résultat
principal était analysé sur population en intention de traiter modifiée ;
et les analyses d'innocuité ont inclus tous les patients randomisés ayant reçu
le médicament à l’étude en traitement.
Entre le 13 février 2008 et le 22 août 2012, 618 patients ont été recrutés
et répartis de manière aléatoire pour recevoir teriflunomide 14 mg (n=216),
teriflunomide 7 mg (n=205), ou le placebo (n=197). Deux patients dans chacun
des groupes teriflunomide n’ont pas reçu le médicament à l’étude; ainsi, la
population en intention de traiter modifiée comprenait 214 patients sous
teriflunomide dans le groupe 14 mg, 203 dans le groupe teriflunomide 7 mg et
197 dans le groupe placebo. En comparaison du placebo, le teriflunomide a
réduit de manière significative le risque de récidive définissant cliniquement
la sclérose en plaques lorsqu’administré à une dose de 14 mg (Hazard Ratio [HR]
0.574 [Intervalle de Confiance -IC- 95% 0.379 – 0.869] ; p=0.0087) et à une dose de 7 mg (0.628
[0.416-0.949] ; p=0.0271). Le
teriflunomide a réduit le risque de récidive ou de lésion nouvelle
détectable par IRM en comparaison du placebo lorsqu’administré à une dose de 14
mg (HR 0.651 [IC 95% 0.515-0.822] ; p=0.0003)
et à une dose de 7 mg (0.686 [0.540-0.871] ; p=0.0020). Au cours de l’étude, six patients initialement placés
sous placebo par le processus de randomisation ont reçu accidentellement
également du teriflunomide à un certain moment : quatre patients ont reçu
du teriflunomide 7 mg et deux patients ont reçu du teriflunomide 7 mg. Ainsi,
la population soumise à l’évaluation de l’innocuité s’est établie à 216
patients sous teriflunomide 14 mg, 207 sous teriflunomide 7 mg et 191 sous
placebo.
Les évènements indésirables qui sont
survenus chez au moins 10% des patients dans l’un ou l’autre des groupes teriflunomide, avec pourcentage de la population atteinte du groupe supérieur à 2% de celui
concernant la population atteinte du groupe placebo étaient : alanine
aminotransferase (40 [19%] sur 216 patients dans le groupe 14 mg, 36 [17%] sur
207 patients du groupe 7 mg versus 27
[14%] sur 191 patients du groupe placebo), amincissement des cheveux (25[12%]
et 12[6%] versus 15 [8%]), diarrhée
(23[11%] et 28[14%] versus 12[6%]), paresthésie (22[10%] et 11[5%] versus 10[5%]), et infection du tractus
respiratoire supérieur (20[9%] et 23[11%] versus 14 [7%]). L’évènement
indésirable grave le plus fréquent était l’augmentation en alanine
aminotransferase (quatre [2%] et cinq[2%] versus trois[2%]).
TOPIC est, à notre connaissance, la première étude rendant compte des
bénéfices significatifs d’une thérapie d’administration per os chez des
patients atteints de sclérose en plaque à un stade précoce. Ces résultats permettent
d’inclure le statut de stade précoce de ladite pathologie aux autres stades d’évolution
de la sclérose en plaques pour lesquels le teriflunomide montre un effet
bénéfique. Prof Aaron E Miller MD, dans The Lancet Neurology, publication en
ligne en avant – première, 3 septembre 2014
Financement : Genzyme, groupe Sanofi
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