Source: http://revue.medhyg.ch/article.php3?sid=33519 |
La néoplasie vulvaire intraépithéliale est un trouble de la peau affectant
la vulve qui peut devenir cancéreux s’il n’est pas traité. La chirurgie reste
le traitement standard chez les patientes atteintes de néoplasie vulvaire
intraépithéliale, mais cette approche ne garantit pas la guérison ; de
plus, elle peut être défigurante, causant des problèmes à la fois physiques et
physiologiques, particulièrement chez les femmes d’âge reproductif. Notre but
était d’étudier l’activité, l’innocuité et la faisabilité de deux traitements
topiques – à savoir cidofovir et imiquimod – comme alternative à la chirurgie
chez des patientes atteintes de néoplasie vulvaire intraépithéliale.
Nous avons recruté des patientes (âge ≥ 16 ans) dans 32 centres
pour participer à un essai de phase 2, ouvert et randomisé. Les critères d’éligibilité
étaient la présence d’une néoplasie vulvaire intraépithéliale de grade 3 confirmée
par biopsie et au moins une lésion pouvant être adéquatement mesurée. Nous
avons réparti les patientes à un traitement topique avec soit cidofovir 1%
(fourni sous forme de gel en tube de 10 g, prévu pour une durée de traitement
de 6 semaines) soit imiquimod 5% (un sachet de 250 mg pour chaque
application), à auto-appliquer trois fois par semaine sur une période maximale
de 24 semaines. La randomisation (1 :1) a été effectuée par minimisation
stratifiée par un système informatique centralisé, avec stratification par
hôpital, localisation de la maladie, et stade d’évolution.
Le critère principal d’évaluation était la réponse complète confirmée par
histologie effectuée lors de la consultation médicale effectuée 6 semaines
après le début du traitement et lors de la visite médicale de fin de traitement
(30 semaines maximum après le début du traitement). L’analyse des données
recueillies pour évaluation du critère principal a été effectuée sur population
en intention de traiter. Le critère secondaire d’évaluation était la mesure des effets toxiques (pour évaluation de l’innocuité) et de l’adhésion au traitement (pour évaluation de faisabilité). Nous présentons les
résultats après que toutes les patientes aient subi l’évaluation de la réponse
au traitement à 6 semaines ; le suivi sur 2 ans des sujets à réponse
complète se poursuit encore à ce jour. (…).
Entre le 21 octobre 2009 et le 11 janvier 2013, 180 participantes ont été
recrutées pour cette étude ; 89 patientes ont été réparties de manière
aléatoire pour recevoir cidofovir et 91 patientes pour recevoir imiquimod. À la
visite d’évaluation d’efficacité de traitement, une réponse complète avait été
rapportée par 41 (46% ; Intervalle de Confiance [IC] 90% 37.0 – 55.3)
patientes sous cidofovir et par 42 (46% ; 37.2-55.3) patientes sous
imiquimod. Après 6 semaines de traitement, 156 (87%) patientes (78 dans chaque
groupe) avait adhéré aux protocoles respectifs. Cinq patientes du groupe
cidofovir et sept patientes du groupe imiquimod se sont retirées de l’étude ou ont été perdues de vue avant la première visite d’évaluation de l’innocuité, à 6
semaines. Les événements indésirables de grade 3 ou plus ont été rapportés chez
31 (37%) patientes sur les 84 sous cidofovir et 39 (46%) sur les 84 sous
imiquimod ; les événements de grade 3 et de grade 4 les plus fréquents
étant douleur vulvaire, prurit, fatigue, et mal de tête.
Cidofovir et imiquimod se sont montrés actifs, sûrs, et fiables pour le
traitement de la néoplasie vulvaire intraépithéliale, ainsi, des études de phase 3 sont à recommander pour de futures investigations. Les deux médicaments représentent des alternatives efficaces à la chirurgie chez des patientes atteintes de néoplasie vulvaire intraépithéliale, après exclusion de
l’hypothèse de pathologie invasive occultée. Amanda Tristram MD et al, dans The Lancet
Oncology, publication en ligne en avant – première, 8 octobre 2014
Financement : Cancer Research UK
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire