La schizophrénie est causée par la conjonction de facteurs génétiques et
environnementaux, comme l’ont initialement montré les études effectuées chez
les jumeaux. Des efforts substantiels ont été consentis dans l’identification
des racines génétiques de la schizophrénie, incluant des études d’association
pangénomiques de grande ampleur; toutefois, ces travaux n’ont recueilli que des
données relatives à un nombre réduit de marqueurs individuels. Dans cette
étude, notre but était d’étudier la contribution relative d’études dérivées d’association
pangénomiques versus facteurs
environnementaux comme déterminants cruciaux de la sévérité de la schizophrénie :
âge du début de la maladie, sévérité de la maladie, et mesures socio-économiques
prises.
Dans cette analyse parallèle, nous avons étudié 750 patients de sexe
masculin, provenant de la base de données de la Göttingen Research Association
for Schizophrenia (GRAS), atteints de schizophrénie, et pour qui des données
portant à la fois sur leurs polymorphismes de nucléotide simple (SNP) et leur
phénotypage approfondi étaient disponibles. Nous avons plus spécifiquement porté
nos investigations sur les effets potentiels des allèles à risque dans le
déclenchement de la schizophrénie, identifiés dans les études d’association
pangénomiques de grande ampleur les plus récentes versus les effets des aléas environnementaux (c. à. d. dommages
cérébraux périnataux, consommation de cannabis, neurotraumatisme, psychotraumatisme,
urbanicité, et migration) en tant que tels et après cumulation desdits effets, expression
du prodrome*, et paramètres socioéconomiques.
Dans cette étude, nous avons pu déterminer que les facteurs environnementaux
fréquemment rencontrés se révèlent être des facteurs de risque pour un début de
schizophrénie tôt dans la vie, par effets cumulés (manifestation du prodrome jusqu’à
9 années plus tôt ; p=2.9x10-10). En particulier, la
consommation de cannabis représente un facteur risque environnemental à très
forte corrélation avec une manifestation du prodrome à un plus jeune âge (p=3.8x10-20).
En revanche, l’évaluation des risques à partir d’études d’association
pangénomiques polygéniques n’ont pas montré d’effets détectables sur les différents
phénotypes de schizophrénie rencontrés.
Ces résultats devraient servir à l’élaboration de mesures préventives
permettant de réduire les facteurs de risque environnementaux de la
schizophrénie, du fait que l’âge de début de la maladie reste un paramètre
crucial pour l’avenir le sujet qui en est atteint, ainsi que sur le coût
socioéconomique de la maladie. Beata Stepniak MSc et al, dans The Lancet
Psychiatry, publication en ligne en avant – première, 22 octobre 2014
Financement: German Research
Foundation (Research Center for Nanoscale Microscopy and Molecular Physiology
of the Brain), Max Planck Society, Max Planck Förderstiftung, EXTRABRAIN
EU-FP7, ERA-NET NEURON.
*ensemble des symptômes annonciateurs d'un état pathologique (doctissimo)
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