La mise en place précoce d’un traitement par association d’antirétroviraux (cART)
au moment de l’infection primaire par HIV-1 pourrait provoquer une inhibition
du rétablissement des réservoirs à VIH. Notre but était d’évaluer les effets d’un
régime cART intensifié par ajoût de raltegravir et maraviroc, en comparaison de
la trithérapie standard cART, sur la charge en ADN-VIH.
Dans cet essai randomisé, ouvert de phase 3, nous avons recruté des
patients en provenance d’hôpitaux situés sur tout le territoire Français. Les
critères d’inclusion étaient la présence d’une infection primaire à VIH-1
(western blot HIV-1 pour identification partielle et ARN-HIV plasmatique détectable),
présentant des symptômes ou un compte des cellules CD4+ inférieur à 500
cellules par µL. Les patients étaient alors répartis de manière
aléatoire (1:1) à un schéma thérapeutique incluant cinq médicaments (raltegravir 400 mg et maraviroc 150 mg deux
fois par jour, avec une combinaison à dose fixe de tenofovir disoproxil
fumarate 300 mg + emtricitabine 200 mg, darunavir 800 mg, et ritonavir 100 mg une
fois par jour) ou une trithérapie
standard cART (tenofovir disoproxil fumarate 300 mg + emtricitabine 200 mg,
darunavir 800 mg, et ritonavir 100 mg une fois par jour), à l’aide de la
génération d’une séquence de randomisation par blocs de taille variable. Le critère
principal d’évaluation était le nombre médian de copies de VIH-ADN pour 106
cellules sanguines mononucléaires (PBMC) au mois 24, analysé sur population en
intention de traitée, définie par l’ensemble des patients ayant commencé le
traitement leur étant assigné. (…).
Entre le 26 avril 2010 et le 13 juillet 2011, 110 patients ont été recrutés ;
92 d’entre eux ont été inclus en séquence de randomisation et 90 d’entre eux
ont commencé effectivement leur traitement (45 dans chaque groupe). Six (13%)
patients du groupe thérapie cART intensive et deux (4%) du groupe thérapie cART
standard sont sortis de l’étude avant le mois 24. Au mois 24, les charges en
VIH-ADN étaient similaires entre les groupes
(2.35 [Intervalle Interquartile IQR 2.05-2.50] log10 pour 106
PBMC dans le groupe thérapie cART intensive versus 2.25 [1.71-2.55] dans le
groupe thérapie cART standard ; p=0.21). Huit événements indésirables de
grade 3-4 ont été rapportés chez sept patients du groupe thérapie cART intensive et sept événements indésirables
de grade 3-4 ont été rapportés chez sept patients du groupe thérapie cART
standard. Trois événements indésirables cliniques graves ont été rapportés :
deux (pancréatite et lipodystrophie) dans le groupe thérapie cART standard, qui ont été considérés
comme liés au traitement, et un événement (tentative de suicide) dans le groupe
thérapie cART intensive, qui n’était lié au traitement.
Après 24 mois, la thérapie cART intensifiée par ajoût de raltegravir et
maraviroc n’a pas eu d’effet plus important sur les réservoirs sanguins que la
thérapie cART standard. Ces résultats devraient aider à la conception de futurs
essais visant à la diminution des reservoirs HIV chez les patients atteints d’infection
HIV-1 primaire. Dr Antoine Chéret MD et al, dans The Lancet Infectious
Diseases, publication en ligne en avant – première, 17 février 2015
Financement : Inserm–ANRS,
Gilead Sciences, Janssen Pharmaceuticals, Merck, et ViiV Laboratories.
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