La durée optimale de privation androgénique à appliquer, en combinaison à de la radiothérapie
à haute dose reste incertaine dans les cas de cancer de la prostate. Notre but
était de déterminer si une privation androgénique à long terme offrait de
meilleurs résultats lorsque combinée à de la radiothérapie à haute dose.
Dans cet essai de phase 3 ouvert, multicentrique, les patients ont été
recrutés dans dix hôpitaux situés en Espagne. Les patients éligibles étaient
atteints d’un adénocarcinome de la prostate de stade clinique T1c-T3b NOMO, et
porteurs de facteurs de risque intermédiaires à élevés selon les critères du
Réseau Cancer Global National (National Comprehensive Cancer Network dans le texte). Les patients ont été
répartis de manière aléatoire (1:1) à l’aide d’une séquence de randomisation
générée par ordinateur pour recevoir soit un traitement de privation androgénique sur 4
mois combiné à une radiothérapie conformationnelle tridimensionnelle à une
dose minimale de 76 Gy (de 76 à 82 Gy ; groupe de privation androgénique
de courte durée), soit le même
traitement suivi d’une privation androgénique adjuvante (privation androgénique
à long terme), stratifiés par groupe de risque de cancer de la prostate (risque
de niveau intermédiaire versus risque
de niveau élevé) et par centre participant.
Les patients assignés à la privation androgénique à court terme ont reçu un
traitement de privation androgénique concomitant pendant 4 mois par
administration de gosereline par voie sous-cutanée (2 mois avant et deux mois
pendant le traitement par radiothérapie à haute dose). La thérapie
anti-androgénique (flutamide 750 mg/jour ou bicalutamide 50 mg/jour) était
ajoutée au cours des deux premiers mois de traitement.
Les patients assignés à la privation androgénique à long terme ont poursuivi
avec le même analogue de la LHRH tous les trois mois pendant 24 mois
supplémentaires. Le critère principal d’évaluation était la survie sans
marqueur biochimique de la maladie. L’analyse a été effectuée en intention de
traiter. (…).
Entre le 7 novembre 2005 et le 20 décembre 2010, 178 patients ont été
répartis de manière aléatoire pour recevoir le traitement de privation androgénique
à court terme et 177 pour recevoir le traitement de privation androgénique à
long terme. À la suite d’une durée
médiane de suivi de 63 mois, (Intervalle Interquartile [IQR] 50-82), la survie à
5 ans sans marqueur biochimique de la maladie était significativement meilleure
chez les patients recevant une thérapie de privation androgénique à long terme
que chez les patients recevant une thérapie de privation androgénique à court
terme (90% [Intervalle de Confiance -IC-
87-92] versus 81% [78-85] ; hazard ratio [HR] 1.88 (IC 95%
1.12-3.15] ; p=0.01).
La survie globale à 5 ans (95% [IC 95% 93-97] versus 86% [83-89] ; HR
2.48 [IC 95% 1.31-4.68] ; p=0.009)
et la survie à 5 ans sans métastases (94% [IC 95% 92-96] versus 86% [80-86] ;
HR 2.31 [IC 95% 1.23-3.85] ; p=0.01)
étaient également significativement meilleures dans le groupe privation
androgénique à long terme que dans le groupe privation androgénique à court
terme. L’effet à long terme de la privation androgénique sur la survie sans
marqueur biochimique, la survie sans métastases, et la survie globale était
plus marqué chez les patients à facteur de risque élevé de maladie que chez
ceux à facteur de risque bas de maladie.
Des toxicités rectales tardives de grade 3 ont été relevées chez trois (2%)
des 177 patients du groupe privation androgénique à long terme et deux (1%) des
178 patients du groupe privation androgénique à court terme ; des toxicités
des voies urinaires de grade 3-4 ont été
relevées chez cinq (3%) patients dans chaque groupe. Aucun décès dû au
traitement n’a été rapporté.
En comparaison d’une privation androgénique à court terme, 2 années de privation
androgénique adjuvante, combinée à de la radiothérapie à haute dose ont
amélioré le contrôle biochimique et la survie globale chez les patients
atteints de cancer de la prostate, particulièrement chez ceux à risque élevé de
maladie, sans augmentation de la toxicité tardive due aux radiations. Un suivi
plus long est nécessaire, afin de déterminer si les hommes à risque
intermédiaire de maladie montrent un bénéfice lorsqu’exposés à plus de 4 mois
de privation androgénique. Dr Almudena Zapatero PhD et al, dans The Lancet
Oncology, publication en ligne en avant – première, 18 février 2015
Financement : Astra Zeneca
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire