Les patients atteints de lymphome non hodgkinien à cellules B récidivant ou
réfractaire (LNH) ont un pronostic défavorable avec peu d’options de
traitement. Le polatuzumab vedotin est un conjugué anticorps-médicament
contenant un anticorps monoclonal anti-CD79B conjugué à l’agent de rupture des
microtubules monomethyl auristatin E. notre but était d’évaluer la sécurité et
l’activité clinique du polatuzumab vedotin dans le LNH à cellules B et la
leucémie lymphocytaire chronique (LLC).
Dans cette étude ouverte de phase 1, multicentrique, nous avons recruté des
patients atteints de LNH ou de LLC documentés, susceptibles d’exprimer
l’anticorps monoclonal CD79B [(la confirmation de l’expression de l’anticorps
n’étant pas requise pour être inclus[e] dans l’essai) - et pour qui aucun médicament approprié pour
tentative d’essai thérapeutique ou autre priorité n’étaient envisageables -]
dans 13 centres. Les objectifs principaux de l’étude étaient d’étudier la
sécurité et la tolérance au médicament à l’étude, d’en déterminer la dose
maximale tolérable et d’identifier la dose de polatuzumab vedotin recommandée à
appliquer en monothérapie ou en combinaison avec rituximab dans le cadre
d’études de phase 2. Un protocole d’augmentation croissante de la dose (3+3) a
été utilisé, dans lequel nous avons traité les patients avec le polatuzumab
vedotin (0.1-2.4 mg/kg tous les 21 jours) dans des cohortes d’augmentation
croissante de la dose distinctes, selon que les patients étaient atteints de
LNH ou de LLC. Après détermination de la dose de polatuzumab à recommander en
phase 2, nous avons recruté les patients présentant un lymphome diffus à
grandes cellules B récidivant ou réfractaire et les patients présentant un LNH
récidivant ou indolent réfractaire dans des cohortes spécifiques, selon
l’indication. Nous avons aussi recruté des patients atteints de LNH récidivant
ou réfractaire dans une cohorte additionnelle, pour étudier la faisabilité de
la combinaison polatuzumab vedotin et rituximab 375 mg/m2. Tout
patient ayant reçu au moins une dose de polatuzumab vedotin était intégré dans
la population prise en considération pour analyse. (…).
Entre le 21 mars 2011 et le 30 novembre 2012, nous avons recruté 95
patients (34 dans la cohorte LNH à augmentation croissante de la dose, 18 dans
la cohorte LLC d’augmentation croissante de la dose, 34 dans la cohorte LNH
d’expansion à la dose recommandée pour phase 2, et neuf dans la cohorte LNH de
combinaison avec rituximab ; aucune cohorte LLC d’expansion n’a été
constituée du fait du manque d’activité au cours du protocole d’augmentation
croissante de dose de la cohorte).
La dose recommandable déterminée pour administration chez les patients LNH
en phase 2 était de 2.4 mg/kg, à la fois en monothérapie et en combinaison avec
rituximab ; la dose maximale tolérée dans le LCC était de 1.0 mg/kg,
représentant le résultat de la mesure des effets toxiques limitant la dose obtenu
chez deux des cinq patients ayant reçu 1.8 mg/kg.
Des événements indésirables de grade 3-4 ont été rapportés chez 26 (58%)
des 45 patients atteints de LNH traités en monothérapie à la dose recommandée
pour la phase 2, les événements indésirables de grade 3-4 les plus fréquemment
rencontrés étant neutropénie (18 [40%] sur 45), anémie (cinq [11%]), et
neuropathie périphérique sensorielle (quatre [9%]).
Des événements indésirables graves ont été rapportés chez 17 (38%) patients
sur 45, ils incluaient diarrhée (deux patients), infection pulmonaire (deux
patients), progression de la maladie (deux patients) et trouble pulmonaire
(deux patients).
Sept (77%) patients sur les neuf patients de la cohorte de combinaison avec
rituximab ont présenté des événements indésirables de grade 3-4, comprenant
neutropénie (cinq [56%]), anémie (deux [22%]), et neutropénie fébrile (deux
[22%]) rapportés chez plus d’un patient.
11 (12%) des 95 patients sont décédés au cours de l’étude : huit
atteints de lymphome diffus à grandes cellules B en rechute ou récidivant (dû à
la progression de la maladie chez quatre patients, infections chez trois patients
[dont deux reliées au traitement], et à une ascite aggravée chez un patient) et
trois patients atteints de LLC en rechute ou récidivante (dû à une progression
de la maladie, une infection pulmonaire, et une pneumonie ; aucun décès
n’a été imputé aux traitements).
À la dose recommandée en phase 2, des
réponses objectives ont été observées chez 23 patients sur les 42 évaluables
atteints de LNH et traités avec polatuzumab vedotin en monothérapie (14 des 25
atteints de lymphome diffus à larges cellules B, sept des 15 atteints de LNH
indolent, et deux atteints de lymphome du manteau) et sept des neuf patients
traités avec polatuzumab vedotin en combinaison avec le rituximab. Aucune
réponse objective n’a été observée chez les patients atteints de LLC.
Le polatuzumab vedotin a montré une sécurité et un profil de tolérance
acceptables chez les patients atteints
de LNH mais pas chez ceux atteints de LLC. Son activité clinique devra être
étudiée plus avant chez les patients atteints de LNH. Dr Maria Corinna A Palanca-Wessels, MD et al,
dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant – première, 26 avril
2015
Financement : Genentech
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire