L’ipilimumab est un médicament ayant reçu approbation pour le traitement de
patients atteints de mélanome avancé. Notre but était d’évaluer l’administration
d’ipilimumab comme thérapie adjuvante chez des patients avec mélanome de stade III
entièrement réséqué à haut risque de récidive.
Nous avons effectué un essai de phase 3 en double aveugle chez des patients
atteints de mélanome cutané de stade III (excluant les métastases des ganglions
lymphatiques ≤ 1 mm ou les métastases « en transit »)
avec résection appropriée des ganglions lymphatiques (c’est-à-dire, avec un
mélanome cutané primaire entièrement excisé avec les marges chirurgicales
adéquates), n’ayant pas reçu de traitement systémique au préalable pour un
mélanome, accueillis dans 91 centres hospitaliers situés dans 19 pays. Les patients ont
été répartis de manière aléatoire (1:1) par système vocal interactif centralisé
pour recevoir ipilimumab 10 mg/kg par perfusion intraveineuse ou le placebo, à
raison d’une dose toutes les 3 semaines pendant 12 semaines, puis tous les 3
mois pendant une période de temps jusqu’à trois années maximum. La
randomisation a été stratifiée par la technique de minimisation, en fonction du
stade de la maladie et de la région géographique. Le critère principal d’évaluation
était la survie sans récidive, mesurée par un comité d’experts indépendant. Le
recrutement est terminé pour cet essai, mais l’étude est encore en cours pour
ce qui est du suivi pour l’analyse des critères secondaires. (…).
Entre le 10 juillet 2008 et le 1er août 2011, 951 patients ont
été répartis de manière aléatoire pour recevoir ipilimumab (n=457) ou le
placebo (n=476); tous ont été inclus dans l’analyse de population en intention
de traiter. À la médiane de suivi de 2.74 ans (Intervalle Interquartile
[IQR] 2.28-3.22), 528 survies sans récidive (234 dans le groupe ipilimumab versus 294 dans le groupe placebo) ont
été comptabilisées. La médiane de survie sans récidive était de 26.1 mois
(Intervalle de Confiance [IC] 95% 13.4 – 21.6) dans le groupe ipilimumab versus 17.1 mois (IC 95% 13.4 – 21.6) dans
le groupe placebo (hazard ratio 0.75 ; IC 95% 0.64-0.90 ; p=0.0013) ; la survie sans
récidive à 3 ans étant de 46.5% (IC 95% 41.5 – 51.3) dans le groupe ipilimumab versus 34.8% (30.1-39.5) dans le groupe
placebo.
Les événements indésirables de grade 3-4 liés à l’immunité le plus fréquemment
comptabilisés dans le groupe ipilimumab étaient gastrointestinaux (75 [16%] versus quatre [<1%] dans le groupe
placebo), hépatiques (50 [11%] versus un [<1%]), et endocriniens (40 [8%] versus aucun). Les événements indésirables
ont conduit à un arrêt du traitement chez 245 (52%) des 471 patients ayant
commencé le traitement ipilimumab (182 [39%] pendant la période initiale de
traitement de quatre doses). Cinq patients (1%) sont décédés du fait d’événements
indésirables liés au médicament. Cinq (1%) patients sont décédés du fait d’événements
indésirables liés au médicament dans le groupe ipilimumab ; trois patients
sont décédés du fait de colites (dont deux atteints de perforation
intestinale), un patient du fait d’une myocardite, et un patient présentant des
défaillances de nombreux organes du fait d’un syndrome de Guillain-Barré.
Le traitement par ipilimumab en adjuvant a significativement amélioré la
survie sans récidive chez des patients avec mélanome de stade III entièrement
réséqué. Le profil d’événements indésirables était consistant avec celui observé
dans le mélanome avancé ; avec toutefois certaines incidences plus élevées,
notamment pour ce qui est des endocrinopathies. Le ratio risque-bénéfice pour l’ipilimumab
à cette dose et ce calendrier d’administration nécessite de nouvelles
évaluations basées sur la survie sans métastases distantes et d’autres critères
de survie globale pour en définir sa vraie valeur en termes de bénéfice
thérapeutique. Prof Alexander MM Eggermont, MD, et al, dans The Lancet
Oncology, publication en ligne en avant – première, 31 mars 2015
Financement : Bristol-Myers Squibb
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