De hauts taux de mortalité élevés ont
été rapportés chez les personnes libérées de prison, par comparaison avec la
population générale. Cependant, il n’y a que peu d’études ayant investigué sur
les facteurs de risque potentiels associés à ces taux élevés, notamment des
déterminants des troubles psychiatriques. Notre but était d’étudier l’association
entre troubles psychiatriques et mortalité chez les personnes sorties de prison
en Suède.
Nous avons étudié toutes les
personnes subissant une peine de prison en Suède depuis le 1er
janvier 2000 et libérées avant le 31 décembre 2009 pour ce qui est des risques
toutes causes confondues et causes externes (accident, suicide, homicide) de
mortalité après leur sortie de prison. Nous avons obtenu des données relatives
aux troubles dus à la consommation excessive d'alcool et autres drogues - et autres troubles
psychiatriques -, ainsi que les facteurs de risque d’ordre criminologique et
sociodémographique à partir de registres de données de population. Nous avons
calculé les hazard ratios (HRs) à l’aide de la régression de Cox, et les avons
appliqués pour le calcul des fractions de données de mortalité attribuables à
la sortie de prison. Afin de supprimer l’effet des facteurs de confusion familiaux,
nous avons comparé les sujets l’étude comportant des jumeaux également libérés
de prison, mais sans troubles psychiatriques. Nous avons également poursuivi la
recherche de tout facteur de risque indépendant améliorant la prédiction de
mortalité, au-delà de l’âge, du sexe, et de l’historique de criminalité.
Nous avons identifié 47 326 sujets
purgeant une peine de prison. Pendant une période médiane de suivi de 5.1 ans
(Intervalle Interquartile [IQR] 2.6 – 7.5), nous avons enregistré 2 874 (6%)
décès après sortie de prison. Le taux de mortalité toutes causes confondues
était de 1 205 décès pour 100 000 personnes-années. Les troubles dus
à la consommation excessive d’alcool et autres drogues ont significativement
augmenté les taux de mortalité toutes causes confondues (consommation d’alcool :
HR ajusté 1.62, IC 95% 1.48-1.77 ; consommation de drogue : 1.67,
1.53-1.83), avec association indépendante de facteurs sociodémographiques,
criminologiques, et familiaux. Nous n’avons pas identifié d’évidence pouvant
indiquer que des troubles psychiatriques autres pouvaient être impliqués dans l’augmentation
des taux de mortalité après ajustement pour suppression de l’effet des facteurs
de confusion. Pour ce qui est des personnes libérées de prison, 925 (34%) des
décès pour toutes causes confondues chez les hommes et 85 (50%) chez les femmes pouvaient potentiellement
être attribués aux troubles dus à la consommation excessive d'alcool et autres
drogues. Les troubles dus à la consommation excessive d’alcool et autres
drogues représentaient également un déterminant indépendant de la mortalité externe,
toutes causes confondues, avec un pourcentage de fraction de population
concernée de 42% chez les hommes et de 70% chez les femmes. La consommation
excessive d’alcool et autres drogues a augmenté la prédiction de mortalité externe,
toutes causes confondues, en plus des facteurs sociodémographiques et
criminologiques.
Les interventions visant directement
à réduire la consommation excessive d’alcool et autres drogues pourraient permettre
de réduire considérablement le fardeau de mortalité des personnes libérées de
prison ; toutefois, ces actions devraient être menées bien au-delà de la
période immédiate suivant la libération de prison. Zheng Chang, PhD et al, dans
The Lancet Psychiatry, publication en ligne en avant - première, 21 avril 2015
Financement : Wellcome Trust, Swedish Research Council, and the Swedish
Research Council for Health, Working Life and Welfare.
1 commentaire:
Ainsi peut-on se poser la question suivante: est-ce pour diminuer le fardeau des troubles psychiatriques post-peine de prison que l'on condamne moins les prévenus à de la prison ferme en Suède, et que l'on diminue le nombre d'établissements pénitentiaires en Suède?
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