Les nouvelles normes internationales en matière de traitement chez les
femmes présumées atteintes de cancer ovarien avancé est la réduction tumorale
chirurgicale suivi d’une chimiothérapie à base de platine. Notre but était d’établir
si l’application d’une chimiothérapie à base de platine primaire suivi d’une
chirurgie tardive représentait une alternative de traitement.
Dans cet essai de non infériorité de phase 3, randomisé et contrôlé
(CHORUS) entrepris dans 87 hôpitaux au Royaume – Uni et en Nouvelle Zélande,
nous avons recruté des femmes présumées atteintes de cancer de l’ovaire de
stade III ou de stade IV. Nous avons répartis ces sujets de manière aléatoire
(1:1) pour recevoir une chirurgie primaire suivie de six cycles de chimiothérapie ou pour recevoir trois cycles de chimiothérapie
primaire, puis une chirurgie suivie de trois cycles de chimiothérapie
complémentaires. Chaque cycle de trois semaines consistait en l’administration
de carboplatine AUC5 ou AUC6 + paclitaxel à raison de 175 mg/m2 ou
un régime combiné alternatif comprenant du carboplatine, ou du carboplatine en
monothérapie. L’assignation randomisée des traitements a été effectuée à l’aide
d’une méthode de minimisation incorporant une composante aléatoire, et les participantes ont été stratifiées selon leur centre de randomisation, la taille de la
tumeur dans sa plus grande dimension, le stade clinique de la tumeur, ainsi que
les régimes de chimiothérapie précédemment prescrits. À la fois les
investigateurs et les patientes avaient accès au tableau de répartition des
sujets et des traitements. Le critère principal d’évaluation de l’étude était
la survie globale. Les analyses primaires ont été effectuées sur population en
intention de traiter. Afin d’établir la non-infériorité, la marge supérieure de
l’Intervalle de Confiance [IC] unilatéral à 90% pour l’évaluation du hazard
ratio (HR) devait être inférieure à 1.18. (…).
Entre le 1er mars 2004 et le 30 août 2010, nous avons réparti
552 femmes de manière aléatoire dans les groupes de traitements. Sur les 550
femmes éligibles, 276 ont subi une chirurgie primaire, et 274 une
chimiothérapie primaire. Toutes ont été incluses dans la population en
intention de traiter analysée ; 251
femmes du groupe chirurgie primaire et 253 femmes du groupe chimiothérapie
primaire ont été incluses dans l’analyse per-protocole.
Au 31 mai 2014, 451 décès étaient survenus : 231 dans le groupe
chirurgie primaire versus 220 dans le
groupe chimiothérapie primaire. La médiane de survie était de 22.6 mois dans le
groupe chirurgie primaire versus 24.1 mois dans le groupe chimiothérapie
primaire. Le HR de décès était 0.87 en faveur de la chimiothérapie primaire,
avec la marge supérieure de l’IC 90% = 0.98 (IC 95% 0.72-1.05). Les événements
indésirables post-opératoires de grade 3 ou de grade 4, ainsi que les décès survenant
dans les 28 jours après la chirurgie étaient plus fréquents dans le groupe
chirurgie primaire que dans le groupe chimiothérapie primaire (60 [24%] femmes
sur 252 versus 30 [14%] femmes sur
209, p=0.0007, et 14 femmes [6%]
versus une femme [<1%], p=0.001).
Les événements indésirables post-opératoires de grade 3 ou de grade 4 les plus
fréquents étaient hémorragie dans les deux groupes (8 femmes [3%] dans le
groupe chirurgie primaire versus 14 [6%] dans le groupe chimiothérapie
primaire). 110 (49%) femmes sur 225 recevant une chirurgie primaire et 102
(40%) sur 253 recevant une chimiothérapie primaire ont présenté des effets
toxiques de grade 3 ou de grade 4 reliés à la chimiothérapie (p=0.0654), des neutropénies simples
principalement (20% et 16% respectivement). Il a été relevé un effet toxique
fatal, une septicémie neutropénique, survenue dans le groupe chimiothérapie
primaire.
Chez les femmes atteintes de cancer de l’ovaire de stade III ou de stade
IV, la survie sous chimiothérapie primaire est non inférieure à celle sous
chirurgie primaire. Dans cette étude de population, l’administration d’une
chimiothérapie primaire avant la chirurgie représente donc une nouvelle norme
de traitement acceptable chez des femmes atteintes de cancer de l’ovaire
avancé. Prof Sean Kehoe, MD et al, dans The Lancet, publication en ligne en
avant-première, 19 mai 2015
Financement : Cancer Research UK and the
Royal College of Obstetricians and Gynaecologists
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