La chimiothérapie stratifiée selon les risques est le traitement standard
des cancers mammaire, colorectal, et pulmonaire mais pas du cancer de la
prostate localisé à haut risque. Le cocktail docetaxel et estramustine améliore
la survie chez les patients atteints de cancer de la prostate résistant à la
castration. Nous avons étudié les effets du cocktail docetaxel et estramustine
sur la récidive chez des patients atteints de cancer de la prostate localisé à
haut risque.
Nous avons effectué cet essai de phase 3 randomisé dans 26 hôpitaux situés
en France. Nous avons recruté des patients atteints de cancer de la prostate n’ayant
pas reçu de traitement au préalable et présentant au moins un facteur de risque
(c’est – à – dire pathologie au stade T3-T4, score de Gleason ≥ 8,
concentration en antigène spécifique de la prostate > 20 ng/mL, ou ganglions
pathologiques positifs). Tous les patients ont été soumis à dissection et
stadification de leurs ganglions lymphatiques pelviens. Les patients ont été
répartis de manière aléatoire (1:1) soit à un traitement par privation
androgénique (ADT ; gosereline 10.8 mg tous les 3 mois pendant 3 ans) plus
quatre cycles de docetaxel au jour 2 à une dose de 70 mg/m2 et d’estramustine
10 mg/kg par jour aux jours 1-5, tous les 3 jours, ou ADT seule. La randomisation
était effectuée par ordinateur de manière centralisée, et stratifiée par
facteur de risque. Le traitement local était administré à 3 mois. À la
fois patients et investigateurs avaient accès au tableau d’attribution
des traitements. Le critère principal d’efficacité était la survie sans
récidive dans la population en intention de traiter. Le suivi relatif aux
autres critères d’évaluation est encore en cours. (…).
Nous avons réparti de manière aléatoire 207 patients dans le groupe ADT
plus docetaxel et estramustine et 206 patients dans le groupe ADT seule. La
durée médiane de suivi était de 8.8 années (Intervalle Interquartile [IQR]
8.1-9.7). 88 (43%) des 207 patients du groupe ADT plus docetaxel et
estramustine ont présenté un événement (récidive ou décès) versus 111 (54%) sur 206 dans le groupe ADT seule. La survie sans
récidive à 8 ans était de 62% (Intervalle de Confiance [IC] 55-69) dans le
groupe ADT plus docetaxel et estramustine versus
50% (44-57) dans le groupe ADT seule (hazard ratio ajusté [HR] 0.71, IC 95%
0.54-0.94, p=0.017). Sur les patients
qui étaient traités par radiothérapie et présentant des données disponibles, 31 (21%)
sur 151 du groupe ADT plus docetaxel et estramustine versus 26 (18%) sur 143 du groupe ADT seule ont présenté un effet
secondaire de grade 2 ou plus (p=0.61).
Nous n’avons pas enregistré d’excès de cancers secondaires (26 [13%] sur 207 versus 22 [11%] sur 206 ; p=0.57), et il n’y a pas eu de décès
liés au traitement.
La chimiothérapie à base de docetaxel améliore la survie sans récidive chez
les patients atteints de cancer de la prostate localisé à haut risque. Un suivi
sur une période de temps plus importante serait nécessaire pour évaluer si ce
bénéfice se traduit par une amélioration de la survie sans métastase et de la
survie globale. Prof Karim Fizazi, MD, et al, dans The Lancet Oncology,
publication en ligne en avant-première, 28 mai 2015
Financement :
Ligue Contre le Cancer, Sanofi-Aventis,
AstraZeneca, Institut National du Cancer.
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