Les réadmissions à l’hôpital sont fréquentes après chirurgie lourde, bien
que l’on ne sache pas si les patients obtiennent de meilleurs résultats lorsqu’ils
sont réadmis, ou soignés à l’hôpital - même où a été effectuée l’opération
chirurgicale. Nous avons examiné l’association entre destination de réadmission
et risque de mortalité aux États-Unis chez les bénéficiaires de l’assurance maladie, à la suite d’opérations
communes.
À l’aide de données extraites de fichiers de bénéficiaires
de l’assurance maladie aux États-Unis entre le 1er janvier
2001 et le 15 novembre 2011, nous avons étudié des patients nécessitant une
réadmission à l’hôpital dans les 30 jours après chirurgie ouverte d’un
anévrisme de l’aorte abdominale, pontage de l’artère au-dessous du ligament
inguinal, pontage aorto-bifémoral, pontage
coronarien, oesophagectomie, colectomie, pancréatectomie, cholecystectomie,
réduction d’une hernie ventrale, craniectomie, remplacement d’une hanche, ou
remplacement d’un genou. Nous avons fait usage de modèles de régression
logistique incorporant une pondération selon la probabilité inverse ainsi qu’une
analyse avec variables instrumentales, pour la mesure d’associations entre la
destination de réadmission (hôpital de l’intervention versus hôpital différent) et
le risque de mortalité à 90 jours chez les patients ayant subi une chirurgie
nécessitant une réadmission à l’hôpital.
9 440 503 patients ont subi l’une des opérations chirurgicales lourdes ; le nombre de patients réadmis ou transférés à nouveau à l’hôpital
où leur intervention chirurgicale avait été effectuée a varié de de 186 336
(65.8%) patients sur les 283 131 qui étaient réadmis pour pontage
aortocoronarien, à 142 142 (83.2%) patients sur les 170 789 réadmis
pour colectomie. La réadmission était plus probable à l’hôpital où l’intervention
avait été effectuée que dans un autre hôpital, si la réadmission était motivée
pour complication chirurgicale (189 384 [23%] patients sur 834 070 réadmis
à l’hôpital d’intervention versus 36 792 [13%] patients sur les 276 976
réadmis dans un hôpital différent, p<0.0001).
La réadmission à l’hôpital d’intervention était associée à un risque
diminué de 26% de la mortalité à 90 jours par rapport à la réadmission dans un hôpital
différent, avec utilisation de la pondération selon la probabilité inverse pour
le contrôle des biais de sélection (odds-ratio [OR] 0.74, Intervalle de
Confiance [IC] 95% 0.66-0.83). Cet effet était significatif (p<0.0001) pour toutes les procédures
- dans les modèles de probabilité inverse-, et était plus importante chez les
patients réadmis après pancréatectomie (OR 0.56, IC 95% 0.45-0.69) et pontage
aorto-bifémoral (OR 0.69, IC 95% 0.61-0.77). À l’aide des variations à
l’échelle de l’hôpital parmi les taux de réadmission à l’hôpital d’intervention
comme variable instrumentale, l’analyse des variables instrumentales a montré
que les patients présentant la probabilité la plus élevée de retour à l’hôpital
d’intervention avaient un risque de mortalité de 8% inférieur (OR 0.92 IC 95%
0.91-0.94) à celui des patients dont la réadmission à l’hôpital d’intervention
était la moins probable.
Aux États-Unis, les patients réadmis à l’hôpital après avoir subi des opérations
chirurgicales lourdes variées ont présenté une survie améliorée s’ils
retournaient au centre hospitalier où leur chirurgie avait eu lieu. Ces
résultats pourraient présenter d’importantes implications en matière d’efficacité
des coûts relatifs à la centralisation régionale des soins chirurgicaux. Dr
Benjamin S Brooke, MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en
avant-première, 17 juin 2015
Financement : aucun
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