De hautes doses de méthlylprednisolone par voie intraveineuse sont
recommandées pour le traitement des récidives chez des patients atteints de
sclérose en plaques, toutefois, cette démarche n’est ni très pratique ni très
avantageuse sur le plan du coût. Ainsi, nous avons étudié si l’administration per
os de méthylprednisolone à hautes doses était non inférieure à son
administration par voie intraveineuse.
Nous avons effectué cet essai multicentrique de non-infériorité, randomisé
et contrôlé en double – aveugle dans 13 centres de traitement de la sclérose en
plaques situés en France. Nous avons recruté des patients âgés de 18-55 ans
atteints de sclérose en plaques cyclique ayant fait état de récidive produisant
une élévation d’au moins un point sur l’échelle élaborée d’incapacités de
Kurtzke dans les quinze derniers jours. À l’aide d’une liste de randomisation par
blocs de quatre générée par ordinateur, nous avons réparti les patients (1:1)
de manière aléatoire en deux groupes, pour recevoir de 1000 mg par jour de méthylprednisolone
pendant trois jours, soit per os, soit par voie intraveineuse. Ni les patients,
ni les médecins investigateurs, ni le personnel infirmier, ni les gestionnaires
des données recueillies, ni les évaluateurs des résultats, n’avaient accès au
tableau de randomisation. L’aveugle était réalisé soit à l’aide de solution
saline, soit à l’aide de comprimés placebo. Le critère principal d’évaluation
était la proportion de patients améliorés au jour 28 (diminution d’au moins d’un
point du paramètre le plus atteint sur l’échelle de Kurtzke), sans nécessité de
réadministration de corticostéroïdes, dans la population per-protocole. L’essai devait pouvoir détecter la
non-infériorité de l’administration orale versus l’administration par voie
intraveineuse de méthylprednisolone, avec une marge de non-infériorité
prédéterminée de 15% (…).
Entre le 29 janvier 2008 et le 14 juin 2013, nous avons dépisté 200 patients
et en avons recruté 199. Nous avons assigné 100 patients à la
méthylprednisolone per os et 99 patients à la méthylprednisolone par voie
intraveineuse, avec un temps moyen écoulé de 7 jours entre la récidive et le début du traitement (Déviation Standard [DS] 3.6) et 7.4 jours (3.9), respectivement.
Dans la population per-protocole, 66 (81%) des 82 patients du groupe per os et
72 (80%) des 90 patients du groupe voie intraveineuse ont satisfait au critère principal
d’évaluation (à savoir différence absolue entre les traitements de 0.5%,
Intervalle de Confiance [IC] 90% de -9.5 à 10.4). Les taux d’événements
indésirables étaient similaires, mais l’insomnie était plus fréquemment
rapportée dans le groupe per os (77 [77%]) que dans le groupe par voie
intraveineuse (63 [64%]).
L’administration per os de méthylprednisolone à haute dose pendant 3 jours
n’était pas inférieure à son administration par voie intraveineuse, pour ce qui
est de l’amélioration des scores d’incapacité un mois après administration des traitements; et elles présentaient les mêmes profils de sécurité. Ce résultat pourrait avoir des implications
pour ce qui est des accès aux traitements, le confort du patient, le coût, mais
l’indication devrait toujours être correctement examinée par les cliniciens. Emmanuelle
Le Page, MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en avant-première, 28
juin 2015
Financement : Ministère de la Santé (France), Ligue Française contre
la SEP, Teva
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