Il n’existe que peu d’options de rechange pour des patients atteints de
mélanome en progression sous ipilimumab, et, s’ils sont positifs pour la
mutation BRAFV600, en
progression sous inhibiteurs du gène BRAF ou MEK ou des deux -. Nous avons
étudié l’efficacité et la sécurité de deux doses de pembrolizumab versus
chimiothérapie au choix de l’investigateur chez des patients atteints de
mélanome réfractaire à l’ipilimumab.
Nous avons effectué un essai de phase 2 randomisé chez des patients âgés de
18 ans ou plus dans 73 hôpitaux, cliniques ou centres médicaux universitaires
situés dans 12 pays, qui présentaient une maladie à progression confirmée dans
les 24 semaines suivant l’administration de deux doses ou plus d’ipilimumab et,
s’ils étaient positifs pour la mutation BRAFV600,
également à progression confirmée sous traitement avec un inhibiteur de BRAF ou
de MEK ou des deux gènes. Les patients devaient avoir résolu tous les
évènements indésirables de grade 0 ou de grade 1 dus à l’ipilimumab, devaient
être sous prednisone (10 mg/jour ou moins) depuis au moins deux semaines, devaient présenter un statut de rendement ECOG
(Eastern Cooperative Oncology Group) de 0 ou 1, et devaient présenter au moins
une lésion mesurable pour être éligibles. À l’aide d’un système
vocal interactif, nous avons effectué la randomisation des patients (1:1:1) par
blocs de 6 pour recevoir pembrolizumab 2 mg/kg ou 10 mg/kg par voie
intraveineuse toutes les 3 semaines ou
la chimiothérapie au choix de l’investigateur (paclitaxel + carboplatine,
paclitaxel, carboplatine, dacarbazine, ou temozolomide par voie orale). La
randomisation était stratifiée selon le statut de performance ECOG, la
concentration en lactate déshydrogénase, et le statut de mutation BRAFV600. L’assignation des
traitements sur un plan individuel (entre pembrolizumab et la chimiothérapie)
était effectuée en ouvert, mais ni les investigateurs ni les patients n’avaient
accès à la dose de pembrolizumab administrée. Nous présentons le critère
principal d’évaluation dans le cadre de la deuxième analyse intermédiaire, à
savoir la survie sans progression de la maladie sur la population en intention
de traiter (…).
Entre le 30 novembre 2012 et le 13 novembre 2013, nous avons recruté 540
patients : 180 patients ont été répartis de manière aléatoire pour
recevoir pembrolizumab 2 mg/kg, 181 pour recevoir pembrolizumab 10 mg/kg, et
179 pour recevoir la chimiothérapie. Sur la base de 410 évènements sans
progression de la maladie constatés, la survie sans progression était améliorée chez les
patients recevant le pembrolizumab 2 mg/kg (Hasard Ratio [HR] 0.57, Intervalle
de Confiance [IC] 95% 0.45-0.73 ; p<0.0001)
et chez ceux recevant le pembrolizumab 10 mg/kg (0.50, 0.39-0.64 ; p<0.0001) en comparaison des
patients recevant la chimiothérapie. La survie sans progression à 6 mois était
de 34% (IC 95% 27-41) dans le groupe pembrolizumab 2 mg/kg, 38% (31-45) dans le
groupe 10 mg/kg, et de 16% (10-22) dans le groupe chimiothérapie.
Les évènements indésirables de grade 3-4 liés au traitement sont survenus
chez 20 (11%) patients dans le groupe pembrolizumab 2 mg/kg, 25 (14%) dans le
groupe pembrolizumab 10 mg/kg, et 45 (26%) dans le groupe chimiothérapie. L’évènement
indésirable de grade 3-4 lié au traitement le plus commun était fatigue (deux
[1%] patients sur 178 dans le groupe 2 mg/kg et un [<1%] patient sur 179 dans
le groupe 10 mg/kg, comparé à huit [5%] patients sur 171 dans le groupe
chimiothérapie). D’autres évènements indésirables de grade 3-4 liés au
traitement incluaient œdème généralisé et myalgie (deux [1%] patients pour
chaque évènement) chez les patients recevant pembrolizumab 2mg/kg ;
hypopituitarisme, colite, diarrhée, diminution de l’appétit, hyponatrémie, et
pneumonie (deux [%] patients pour chaque évènement) chez les patients recevant
pembrolizumab 10 mg/kg ; anémie (neuf [5%]), fatigue (huit [5%]),
neutropénie (six [4%]), et leucopénie (six [4%]) chez ceux recevant la
chimiothérapie.
Ces résultats hissent le pembrolizumab au rang de nouveau soin standard pour
le traitement du mélanome réfractaire à l’ipilimumab. Prof Antoni Ribas MD, et al, dans The Lancet Oncology, publication en ligne en avant-première, 23 juin 2015
Financement : Merck Sharp & Dohme
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