Il n’a pas encore été fait été fait état de la capacité des microARNs
(miARNs) à détecter le carcinome hépatocellulaire préclinique. Notre but était
d’identifier et d’évaluer une combinaison de miARNs sériques pouvant détecter
la présence sur le plan clinique d’un carcinome préclinique hépatocellulaire
chez des patients à risque.
Nous avons effectué cette étude en trois étapes, incluant des sujets contrôles
sains, des porteurs de HBsAg inactif, des sujets atteints
d’hépatite B chronique, des sujets atteints de cirrhose du foie induite par
l’hépatite B, et des patients atteints de carcinome hépatocellulaire
diagnostiqué dans quatre hôpitaux situés en Chine. Nous avons fait usage d’une
analyse à variables ordonnées et de la PCR quantitative pour l’identification de
19 miARNs sériques candidats qui étaient augmentés chez six patients atteints
de carcinome hépatocellulaire, comparés avec huit patients contrôle atteints d’hépatite
B chronique. À l’aide d’une cohorte d’entraînement de patients atteints de carcinome hépatocellulaire et des patients de contrôle, nous avons
construit un classificateur de miARNs sériques pour détecter le carcinome
hépatocellulaire. Nous avons ensuite validé la capacité du classificateur dans
deux cohortes indépendantes de patients
et de contrôles. Nous avons également établi la capacité du classificateur de
prédire le carcinome hépatocellulaire préclinique dans une étude cas-témoins
emboîtés, où les sérums ont été recueillis prospectivement chez des sujets atteints de carcinome hépatocellulaire avant le diagnostic préclinique et chez des patients atteints d’hépatite B appariés qui n’ont pas développé de cancer, et issus de même programme de
surveillance. Nous avons utilisé la sensibilité, spécificité, l’aire caractéristique
sous la courbe ROC pour évaluer la performance diagnostique, et comparé le
classificateur de miARN avec l’α-fetoprotéine
à un seuil de 20 ng/mL (AFP 20).
Entre le 1er août 2009 et le 31 août 2013, nous avons recruté
257 participants pour établissement de la cohorte informée, et 352 et 139
participants aux deux cohortes de validation respectivement. Dans une troisième
cohorte de validation, 27 patients atteints de carcinome hépatocellulaire et
135 contrôles appariés ont été inclus dans l’étude cas-témoins emboîtés qui a
eu lieu entre le 1er août 2009 et le 31 août 2014. Nous avons
identifié un classificateur (Cmi) contenant sept miARNs exprimés
différemment (miR-29a, miR-29c, miR-133a, miR-143, miR-145, miR-192, et
miR-505) qui pourraient détecter le carcinome hépatocellulaire. Cmi
s’est révélé plus précis que AFP20 dans la distinction des sujets atteints de
carcinome hépatocellulaire des contrôles dans les cohortes de validation, mais
pas dans la cohorte d’entraînement (AUC 0.826 [Intervalle de Confiance -IC-95% 0.771-0.880]
versus 0.814 [0.756-0.872], p=0.72 dans la cohorte d’entraînement ;
0.817 [0.769-0.865] versus 0.709
[0.653-0.765], p=0.00076 dans la
cohorte de validation 1 ; et 0.884 [0.818-0.951] versus 0.796 [0.706-0.886], p=0.042
pour la cohorte de validation 2). Dans toutes les quatre cohortes, Cmi
a montré une plus grande sensibilité (de 70.4% à 85.7%) qu’AFP20 (40.7-69.4%)
pour la détection du carcinome hépatocellulaire au moment du diagnostic, alors
que sa spécificité (80.0-91.1%) dans la détection était similaire à celle d’AFP20
(84.9-1010%). Dans l’étude cas-témoins, la sensibilité de Cmi pour
la détection du carcinome hépatocellulaire était de 29.6% (huit cas sur 27) 12
mois avant le diagnostic clinique, et de 48.1% (n=13) 9 mois avant le
diagnostic clinique, 48.1% (n=13) 6 mois avant le diagnostic clinique, et 55.6%
(n=15) 3 mois avant le diagnostic clinique, alors que la sensibilité de AFP20
était seulement de 7.4% (n=2), 11.1% (n=3), 18.5% (n=5), et 22.2% (n=6) aux temps
correspondants (p=0.036, p=0.0030, p=0.021, p=0.012 respectivement).
Cmi présentant une AUC plus grande que AFP20 pour l’identification
des carcinomes hépatocellulaires de petite taille (AUC 0.833 [0.872-0.883] versus 0.727 [0.664-0.792], p=0.0018) et de stade précoce (AUC
0.824 [0.781-0.868] versus 0.754
[0.702-0.806], p=0.015) ; et
était également capable de détecter le carcinome hépatocellulaire α-fetoprotéine
négatif (AUC 0.825 [0.779-0.871]).
Cmi est un biomarqueur potentiel du carcinome hépatocellulaire,
et est capable d’identifier les carcinomes hépatocellulaires de petite taille,
de stade précoce, et α-fetoprotéine négatifs chez les patients à risque.
Le classificateur miARN pourrait s’avérer utile dans la détection préclinique du
carcinome hépatocellulaire, fournissant aux patients la chance d’une résection
curative et une survie plus longue. Xue-Jia Lin, PhD et al, dans The Lancet
Oncology, publication en ligne en avant-première, 15 juin 2015
Financement : National Key
Basic Research Program, National Science and Technology Major Project, National
Natural Science Foundation of China.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire