Beaucoup d’adultes âgés atteints de dépression majeure, en particulier les
anciens combattants, n’ont pas accès aux traitements par psychothérapie fondée
sur des preuves. La télémédecine pourrait améliorer l’accès aux meilleures
pratiques en matière de soins chez les adultes âgés qui ont des difficultés à
se déplacer. Notre but était de mettre au point une thérapie d’activation
comportementale prodiguée par le truchement de la télémédecine, non-inférieure
à une thérapie prodiguée en face à face, chez des anciens combattants âgés, de
sexe masculin pour la plupart.
Dans cet essai de non-infériorité, randomisé et contrôlé en ouvert, nous
avons recruté des anciens combattants (âgés de 58 ans et plus) satisfaisant aux
critères du DSM-IV évalués chez les sujets présentant des troubles dépressifs
majeurs, hospitalisés au Centre d’Affaires Médicales des Vétérans Ralph H
Johnson et dans quatre cliniques ambulatoires communautaires associées situées
aux USA. Nous avons exclu les patients ouvertement psychotiques ou présentant
des démences, les sujets à tendance suicidaire, ainsi que les sujets présentant
des problèmes de dépendance. Le coordinateur de l’étude a réparti les participants
retenus (1:1 ; blocs de 2 à 6 sujets ; stratifiés en fonction des
origines ethniques ; avec séquence de randomisation générée par ordinateur
par RGK) et les a soumis à 8 sessions de thérapie d’activation comportementale pour
traitement de la dépression, soit
par le truchement de la télémédecine, soit
en face à face. Le critère principal d’évaluation était la réponse au
traitement selon l’échelle de dépression gériatrique (EDG) et selon l’Inventaire
de dépression de Beck (IDB ; défini par une réduction des symptômes à 12 mois
de suivi après la ligne de base), dans la population per protocole (à savoir
les patients ayant participé jusqu’au bout à au moins quatre sessions de
traitement et chez qui toutes les mesures relatives aux effets du traitement
avaient été effectuées). (…). La marge de non-infériorité était de 15%. (…).
Entre le 1er avril 2007 et le 31 juillet 2011, nous avons
dépisté 780 patients, et le coordinateur de l’étude a réparti de manière
aléatoire les patients retenus soit dans le groupe recevant la thérapie par
télémédecine (120 patients [50%]) soit dans le groupe recevant la thérapie en
face à face (121 patients [50%]). Nous avons inclus 100 (83%) patients du
groupe thérapie par télémédecine et 104 (86%) patients du groupe thérapie en
face à face dans l’analyse per protocole. La réponse au traitement selon EDG n’a
pas montré de différence significative entre les groupes télémédecine (22
[22.45%, Intervalle de Confiance -IC- 90% 15.52-29.38] patients) et face à face
(21 [20.39%, IC 90% 13.86-26.92]), avec une différence absolue de 2.06% (IC 90%
de -7.46 à 11.58). De la même manière, la réponse selon IDB n’a pas montré de
différence significative entre les groupes (télémédecine 19 [24.05%, IC 90%
16.14-31.96] patients ; face à face 19 [23.17%, IC 90% 15.51-30.83]), avec
une différence absolue de 0.88% (IC 90% de -10.13 à 11.89). La réponse à l’interview
clinique structurée pour le DSM-IV, version clinique, n’a également pas montré
de différence significative (39 [43.33%, IC 90% 34.74-51.93] patients dans le
groupe télémédecine et 46 [48.42%, IC 90% 39.99-56.85] dans le groupe face à
face), avec une différence de -5.09% (de -17.13 à 6.95 ; p=0.487). Les résultats d’analyse sur
population en intention de traiter ont révélé les mêmes schémas de réponse. Les
analyses combinées ont montré en outre qu’il n’existait pas de différences d’évaluation
de l’orientation des réponses aux traitements entre évaluation EDG et
évaluation IBD. Les critères de non-infériorité ont été satisfaits. Aucun
événement indésirable n’a été relevé au cours de cette étude.
La psychothérapie prodiguée par télémédecine chez les adultes âgés atteints
de dépression majeure n’est pas inférieure au traitement en face à face. Ce
résultat montre qu’une psychothérapie fondée sur les preuves peut être
prodiguée, sans modification, par télémédecine dans le cadre d’une
hospitalisation à domicile, et que cette méthode peur être utilisée pour
contourner la barrière de la distance quant aux soins prodigués chez les
adultes hospitalisés à domicile. Prof Leonard E Egede, MD, et al, dans The
Lancet Psychiatry, publication en ligne en avant-première, 16 juillet 2015
Financement : US Department of Veterans Affairs
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