De précédentes recherches ont suggéré que l’automutilation délibérée est
associée à la sous-culture gothique contemporaine chez les jeunes ;
cependant, la question de savoir si cette association se confond avec les
caractéristiques des jeunes au sens large - leurs familles, les circonstances
de la vie - reste non élucidée. Notre but était de tester si l’autoidentification
comme telle à la sous-culture gothique est en corrélation avec l’émergence d’une
dépression clinique et de comportements automutilatoires chez les très jeunes
adultes.
Nous avons utilisé des données extraites de l’étude longitudinale Avon
sur les Parents et les Enfants, étude de cohorte de naissances menée sur une
population de 14 541 femmes enceintes dont les accouchements respectifs
étaient prévus entre le 1er avril 1991 et le 31 décembre 1992. Tous
les enfants de l’étude étaient invités, à partir de l’âge de sept ans, à se
rendre périodiquement à des visites de suivi organisées à la clinique de
recherche. À l’âge de 15 ans, les participants ont dû rendre compte de leur niveau d’autoidentification
à la sous culture gothique. Nous avons étudié l’humeur dépressive et l’automutilation
à l’âge de 15 ans à l'aide d'une version remaniée d’un protocole d’interview
cliniques. Nous avons calculé l’association prospective existante entre l’identification
à la sous-culture gothique à l’âge de 15 ans et la prévalence de dépression et de
comportements automutilatoires à 18 ans à l’aide d’analyses de régression
logistique.
Sur 5 357 participants dont des données relatives à l’identification à la
sous-culture gothique étaient disponibles, 3694 sujets présentaient également des
données de dépression et de comportements automutilatoires à 18 ans. 105 (6%)
adolescents sur 1 841 qui ne s’identifiaient pas à la sous-culture gothique
satisfaisaient aux critères de dépression en comparaison avec les 28 (18%)
adolescents sur 154 qui s’y identifiaient ; pour ce qui est des
comportements automutilatoires, les données étaient de 189 (10%) sur 1 841
versus 57 (37%) sur 154. Nous avons noté une relation de corrélation avec l’autoidentification
à la sous-culture gothique à la fois pour la dépression et le comportement
automutilatoire.
En comparaison avec des jeunes gens ne s’identifiant pas à la sous-culture
gothique, ceux qui s’y identifiaient d’une manière ou d’une autre présentaient
une prévalence 1.6 fois supérieure (Rapport de Cotes Odds Ratio [OR] non ajusté
1.63, Intervalle de Confiance [IC] 95% 1.14-2.34, p<0.001), et ceux qui s’y identifiaient totalement présentaient
une prévalence trois fois supérieure (OR non ajusté 3.67, 2.33-4.79, p<0.001) de montrer des résultats
aux questionnaires se situant dans la zone définissant un état dépressif à 18
ans ; des résultats similaires ont été obtenus concernant le comportement automutilatoire. Les corrélations n’étaient pas diminuées après
ajustement selon les individualités personnelles, les origines familiales et
sociales.
Nos résultats suggèrent que des jeunes gens s’identifiant avec la
sous-culture gothique présentent un risque plus élevé de dépression et de
comportement automutilatoire. Bien que nos données suggèrent l’existence d’une
contagion au sein de la communauté gothique, des résultats d’étude
observationnelle ne peuvent être utilisées dans le but de prétendre que le fait
même d’intégrer une communauté gothique augmente en soi le risque de
comportement automutilatoire ou de dépression. Le travail avec les jeunes appartenant à la sous-culture gothique
dans le but d’identifier les sujets à risque accru de dépression et de
comportement automutilatoire, ainsi que l’apport d’un soutien, représentent des
démarches qui pourraient se révéler efficace. Dr Lucy Bowes, PhD, et al, dans
The Lancet Psychiatry, publication en ligne en avant-première, 27 août 2015
Financement : Wellcome Trust, Medical Research Council
Programme
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire