La résistance montrée par les groupes de muscles antagonistes pourrait
représenter un facteur crucial réduisant la fonction musculaire dans
l’hémiparésie chronique. La résistance due aux co-contractions de muscles
agoniste-antagoniste pourrait être réduite par des injections de toxine
botulinique. Nous avons étudié les effets d’injections d’abobtulinumA au niveau
des muscles du membre supérieur sur la tonicité musculaire, la spasticité, le
mouvement actif et la fonction.
Dans cet essai randomisé, en double-aveugle, et contrôlé par placebo, nous
avons recruté des adultes (âgés de 28 ans à 80 ans) au moins 6 mois après l’occurrence
d’une attaque cérébrale ou d’un traumatisme crânien dans 34 cliniques
neurologiques ou de rééducation en Europe et aux États-Unis. Les patients
éligibles ont été répartis de manière aléatoire et selon un ratio 1:1:1 à l’aide
d’une liste générée par ordinateur pour être soumis à une unique séance d’injections
d’abobotulinumA 500 U ou 1000 U ou de placebo au niveau du groupe de muscle le plus hypertonique : coude, poignet, ou
fléchisseurs des doigts (groupe de muscles de cible primaire - primary target
muscle group [PTMG] dans le texte -), et au niveau d’au moins deux groupes de muscles supplémentaires comme le coude, le poignet,
ou fléchisseurs des doigts ou des épaules. Ni les patients ni les
investigateurs n’avaient accès au tableau de randomisation. Le critère primaire
d’évaluation était le changement en tonus musculaire à partir de la ligne de
base à la semaine 4 (selon l’échelle d’Ashworth modifiée [MAS]) dans le groupe
PTMG. Les critères secondaires d’évaluation étaient l’évaluation globale du
médecin [PGA] à la semaine 4 et le changement dans la fonction perçue (auto-perception
de l’invalidité [DAS]) au niveau de la cible principale du traitement,
sélectionnée par le patient en accord avec le médecin à partir de quatre
domaines fonctionnels (l’habillement, l’hygiène, la position de la jambe, et la
douleur). L’analyse a été effectuée sur population en intention de traiter. (…).
243 patients ont été répartis de manière aléatoire pour recevoir le placebo
(n=81), l’abobotulinumtoxinA 500 U (n=81) ou l’abobotulinumtoxinA 1000 U. Le
changement moyen en score MAS à partir de la ligne de base à la semaine 4 dans
le groupe PTMG était de -0.3 (Déviation Standard [DS] 0.6) dans le groupe
placebo (n=79), -1.2 (1.0) dans le groupe abobotulinumtoxinA 500 U (n=80 ;
différence -0.9, Intervalle de Confiance [IC] de -1.2 à -0.6 ; p<0.0001 versus placebo), et de -1.4 (1.1) dans le groupe abobotulinumtoxinA
1000 U (n=79 ; -1.1, de -1.4 à -0.8 ;
p<0.0001 versus placebo).
Le score PGA moyen à la semaine 4 était de 0.6 (DS
1.0) dans le groupe placebo (n=78), 1.4 (1.1) dans le groupe abobotulinumA 500
U (n=80 ; p=0.0003 versus placebo), et 1.8 (1.1) dans le
groupe abobotulinumtoxinA 1000 U (n=78 ; p=0.0001 versus placebo).
Le changement moyen en score DAS à la semaine 4 pour la cible principale du
traitement était de -0.5 (0.7) dans le groupe placebo (n=79), de -0.7 (0.8)
dans le groupe abobotulinumtoxinA 500 U (n=80 ; p=0.2560 versus placebo),
et de -0.7 (0.7) dans le groupe abobotulinumtoxinA 1000 U (n=78 ; p=0.0772 versus placebo).
Trois événements indésirables graves sont survenus dans chaque groupe,
aucun n’était lié au traitement ; deux ont eu pour issue le décès des patients (un patient d’un œdème pulmonaire dans le groupe placebo et un patient d’un trouble cardiovasculaire
indéfini préexistant dans le groupe abobotulinumtoxinA 500 U).
Les événements
indésirables dûs au traitement sont survenus chez deux (2%) ; six (7%), et
sept (9%) patients dans les groupes placebo, abobotolinumtoxinA 500 U et
abobotolinumtoxinA 1000 U respectivement. L’événement indésirable dû au
traitement le plus communément rencontré était légère faiblesse musculaire. Tous ces événements indésirables étaient d’intensité légère ou modéré.
L’abobtulinumtoxinA administrée à raison de 500 U ou de 1000 U par
injection dans les muscles du membre supérieur a produit une réduction du tonus
musculaire ainsi qu’un bénéfice clinique pour ce qui est de l’hémiparésie. De
futures recherches dans le traitement de la parésie spastique à l’aide de la toxine botulinique devraient
adopter le mouvement actif et la fonction comme critères d’évaluation
primaires. Prof Jean-Michel Gracies MD, et al, dans The Lancet Neurology,
publication en ligne en avant-première, 26 août 2015
Financement : Ipsen
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