La gestion conventionnelle de la maladie de Crohn montre une augmentation de
l’utilisation de traitements. Cependant, une immunosuppression combinée précoce
(ICP), à l’aide d’un antagoniste du TNF et un antimétabolite pourrait
représenter une stratégie plus efficace encore. Nous
avons comparé l’efficacité d’une ICP avec celle d’une gestion conventionnelle
pour le traitement de la maladie de Crohn.
Dans cet essai randomisé en grappes ouvert (Évaluation par Essai
Randomisé d’un Algorithme pour le Traitement de la Maladie de Crohn, - REACT dans le texte-), nous avons inclus des
pratiques cliniques appliquées par les communautés gastro-entérologiques à l’échelle
de la Belgique et du Canada, désireuses d’être assignées à l’un des groupes d’étude,
et fournir des données de population rassemblant des patients atteints par la
maladie de Crohn (jusqu’à 60 sujets par pratique). Ces pratiques cliniques ont été classées
(1:1) en deux catégories : ICP ou
gestion conventionnelle. La randomisation par minimisation a été générée par
ordinateur, par pays et dimension du groupe pour chaque pratique clinique. Jusqu’à
60 patients (…) ont été évalués dans chaque pratique. Les patients inclus dans
l’étude [âgés de 18 ans ou plus présentant une maladie de Crohn documentée,
capables de parler ou de comprendre l’anglais, le français ou le flamand, d’avoir
accès au téléphone et d’échanger par ce moyen, et de fournir un consentement
éclairé] ont été suivi sur une période de temps s’étendant jusqu’à deux ans. Le
critère principal d’évaluation était la proportion de patients présentant une
rémission sans corticoïdes (score de Harvey-Bradshaw ≤ 4) à 12 mois (…).
Cette étude a eu lieu entre le 15 mars 2010 et le 1er octobre
2013. Sur les 60 pratiques cliniques passées en revue, 41 ont été intégrées de
manière aléatoire dans le groupe ICP (n=22) ou dans le groupe gestion conventionnelle (n=19). Deux pratiques (une
dans chaque groupe) ont quitté l’étude du fait de manque de ressources. 921 (85%)
patients sur les 1 084 du groupe ICP et 806 (90%) sur les 898 patients du
groupe gestion clinique conventionnelle ont participé à l’étude pendant la durée
totale prévue de 12 mois, et ont été inclus dans l’analyse de population en
intention-de-traiter. À 12 mois, les taux de rémission étaient similaires
dans le groupe ICP et dans le groupe
gestion clinique conventionnelle (66.0% [Déviation Standard -DS- 14.0] et 61.9% [16.9] ; différence
ajustée 2.5%, Intervalle de Confiance [IC] 95% de -5.2% à 10.2%, p=0.5169). Le taux d’évènements
indésirables graves rapportés [défini par la survenue d’un impératif
chirurgical, la nécessité d’une admission à l’hôpital, ou des complications graves
liées à la pathologie présente] était plus bas dans le groupe ICP que dans le
groupe gestion conventionnelle (27.7% et 35.1%, différence absolue [DA] 7.3%,
hazard ratio [HR] : 0.73, IC 95% de 0.62 à 0.86, p=0.0003). Aucune différence intergroupe n’a été relevée pour ce
qui est des évènements indésirables graves dus aux traitements à l’étude.
Bien que l’ICP ne fût pas plus efficace que la gestion conventionnelle pour
le contrôle des symptômes de la maladie de Crohn, le risque d’évènements
indésirables graves était plus bas. Ce résultat devrait être pris en compte
dans les futures études de génération d’hypothèses. L’ICP n’était pas associé à
un risque accru d’événement indésirable grave lié au médicament ou de
mortalité. Reena Khanna, MD, et al, dans The Lancet, publication en ligne en
avant-première, 2 septembre 2015
Financement : AbbVie Pharmaceuticals
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire